7 Mai 2021
Pour découvrir la magie, les richesses culturelles et naturelles de cette île envoûtante, inscrivez vos pas dans les miens !
Surnommée l'île Papillon pour la forme évocatrice de ses deux parties principales, la Guadeloupe fut d'abord la Karukera (île aux belles eaux, en langue caraïbe) des Amérindiens Kalinagos. Lorsqu'il s'en approcha, Christophe Colomb fut frappé par la splendeur de ses cascades et la dédia à Notre-Dame de Guadalupe, la protectrice des navigateurs. Cette région d'outre-mer française entra ainsi, le 4 novembre 1493, dans le tumulte de l'histoire : la Guadeloupe connaîtra la conquête européenne, le génocide des indigènes, l'esclavage, les révoltes, les ouragans, la pollution chimique....Mais la grande île et ses «dépendances» - La Désirade, Marie-Galante et les Saintes - brillent encore, telles des émeraudes verdoyantes sur le diadème de l'arc antillais. Emblèmes naturels de l'archipel, le volcan de La Soufrière, les chutes du Carbet, la plage de Sainte-Anne et la baie des Saintes sont connus du grand public. Mais ce petit coin de paradis réserve bien d'autres surprises à ceux qui osent s'aventurer sur les chemins de traverse.
Grande-Terre correspond à l'aile «au vent» du papillon guadeloupéen. Depuis la pointe de la Grande Vigie, les petites routes sinueuses longent un littoral spectaculaire vers la plaine fertile de Grippon. De champs de canne à sucre en jardins créoles, les naturalistes en herbe, sportifs et autres amateurs de phénomènes surnaturels finissent tous par se rejoindre au Grand Cul-de-Sac marin.
Ce lagon, ouvert sur la mer des Caraïbes, est l'inquiétant domaine des crabes à barbe et des palétuviers. Sa mangrove, classée «réserve de la biosphère» par l'Unesco, est un écosystème complexe et fragile, qui ne peut s'explorer qu'à bord d'un canoé.
Dans l'anse de Vieux-Bourg, quelques coups de pagaie suffisent à gagner l'îlet Macou et son étonnante chapelle Notre-Dame-de-la-Garde, un lieu de rites magico-religieux. Son accumulation de fétiches et d'ex-voto rappelle que la mangrove environnante, refuges des esclaves en fuite, reste baignée de croyances occultes. La nuit l'excursion vire au fantastique parmi les racines entremêlées des palétuviers. Dans le sillage du canoë des fulgurances d'un bleu électrique déchirent les ténèbres de l'eau, un phénomène dû à un phytoplancton bioluminescent. Le spectacle est sidérant.
Morne-A-L'eau, au centre de Grande-Terre, possède le plus étonnant cimetière des Antilles. Perché au bord de la nationale, il se distingue par ses tombes, recouvertes de carrelage blanc et noir. Cela forme un damier visuel atypique. Tel un village le cimetière comporte des allées, mais aussi des caveaux en forme de maisonnettes, des terrasses, des escaliers, des balcons et même des fenêtres ! Parsemé de végétation tropicale, il fait le bonheur des photographes, dans le plus grand respect du lieu. Il est dit que certaines familles font appel à des architectes pour créer leur caveau ! Les vendeurs ambulants se pressent d'ailleurs devant le portail, pendant que les guadeloupéens mangent ensemble au milieu des caveaux ...
Petit-Canal conserve plusieurs témoignages importants du passé esclavagiste de la Guadeloupe. Parmi ceux-là, un escalier de 49 marches sur lesquelles sont posées des plaques rappelant les noms des ethnies africaines qui ont construit et foulé cet escalier - Congos, Yorubas, Ibos, Ouolofs, Peuls, Bamilékés - mène à l'esplanade où étaient vendus les captifs dès leur descente de bateau. Au sommet se trouvent une église et un mémorial portant l'inscription : - LIBERTÉ, 1848 -
Sur la pointe Est de Grande-terre, en suivant la route côtière
depuis Saint-François, nous découvrons 10 km de belles plages et baies. Au bout de cette route, nous arrivons à la pointe des Châteaux, célèbre pour ses paysages spectaculaires : de grandes formations rocheuses crées par l'érosion où de grosses vagues s'échouent. Les vents et les courants sont très forts à cet endroit et les vagues énormes. Je pense avoir passé des heures à les admirer. Cet endroit ressemble à s'y méprendre à un petit coin de Bretagne, non seulement pour ses températures plus faibles et sa houle constante, mais aussi pour ses rochers caractéristiques de la côte bretonne. On ne vient pas à la Pointe des châteaux pour se baigner, le courant et les vagues y sont trop puissants. Il n'y a aucun château à visiter, mais des criques sauvages à découvrir, des villages artisanaux, des promenades qui sillonnent ce territoire unique et de bonnes petites tables pour déguster en toute simplicité un poisson grillé.
Basse-Terre, l'aile «sous le vent» du papillon, est dominée par une Vieille Dame dont on ausculte les moindres tressaillements : La Soufrière.
On dit que lorsqu'elle tousse, c'est toute la Guadeloupe qui retient son souffle. Heureusement, depuis l'alerte de 1976, le volcan est plongé dans le sommeil. Nous en arpentons les flancs chaotiques, dans une ambiance de création du monde. La soufrière est le point culminant des Petites Antilles. À 1467 mètres d'altitude, notre odorat indique l'approche du cratère. La vieille dame a mauvaise haleine. Mais les vapeurs soufrées dévoilent de nombreuses curiosités. Lorsque les grenouilles (géantes) entament leur récital assourdissant, plusieurs espèces d'insectes endémiques, telle la mygale de La Soufrière qui vit exclusivement là, font leur apparition.
Remarquable pour sa biodiversité, l'île possède aussi des cascades de toute beauté. Certaines sont si bien cachées dans l'épaisseur de la forêt qu'elles sont impossibles à dénicher sans les conseils de guides locaux.
Parabole compte parmi celles dont beaucoup connaissent le nom, mais très peu la position. Pour y parvenir, il faut arpenter pendant plus d'une heure une sente périlleuse, dissimulée par les feuilles géantes de philodendron et encombrée de racines glissantes.
Également mystérieuse et convoitée, la cascade de la ravine Paradis, cernée d'orgues basaltiques, ne se livre pas au premier venu ! Le tracé qui y conduit disparait à plusieurs reprises dans le lit de la rivière Paradis.
Les 3 chutes du Carbet sont les plus hautes. La première fait un saut de 115 mètres de hauteur, la deuxième chute est à 110 mètres de haut, et la troisième chute, la plus modeste, 20 mètres et grâce à son débit important, elle dispose d'un large bassin à son pied, propice à la baignade. Elle se situe dans le Parc National. La chute tire son originalité de ses roches devenues rouge-orangé, suite au passage des eaux sulfureuses. Le sentier qui y mène est long et escarpé, mais l'effort en vaut la peine.
Ces chutes ont probablement dû inspirer le surnom de la Guadeloupe «Karukera», qui signifie «l'île aux belles eaux», donné par les indiens des Caraïbes avant l'arrivée des Européens au XVe siècle. La rivière du Grand-Carbet, qui prend sa source sur le flanc oriental de la Soufrière, doit son nom au village amérindien qui était composé de carbets : grandes cases ouvertes servant d'abris, installées non loin de son embouchure. Les chutes vont finalement se jeter 11 km plus bas, dans l'Océan Atlantique.
La richesse de la forêt tropicale est due à la chaleur et surtout à l'eau. Le taux d'humidité est de 90 %. Au sol, un enchevêtrement de racines et de feuilles mortes, paradis des insectes, batraciens et invertébrés. En levant les yeux on admire des fougères arborescentes, des lianes qui cherchent la lumière, ou des arbres dont les branches sont couvertes de plantes.
Découvert pas Colomb au lendemain de la Toussaint 1493, ce chapelet de neuf îles et îlots aux promontoires volcaniques a longtemps tenu le rôle stratégique entre la Guadeloupe Française et la Dominique Anglaise. C'est désormais un spot de rêve pour s'adonner aux loisirs nautiques et pour en apprendre davantage sur la flore locale. Avec son anse en arc de cercle défendue par un pain de sucre basaltique, Terre-de-haut évoque une Rio de Janeiro en miniature. Malheureusement, le succès de ses plages de sable blond et de ses eaux turquoise claire, la prive de tranquillité.
On se rend à pied au Fort Napoléon, qui bien que construit en l'honneur de Napoléon III, ce dernier n'y est jamais venu. Ce fort n'a jamais été utilisé en forteresse, mais comme pénitencier jusqu'au XXe siècle. La marche prend environ une demi-heure depuis le bourg, et c'est l'occasion d'une petite aventure dans un cadre assez pittoresque. Lorsque l'on arrive en haut, une superbe vue à 360° s'offre à nous. On peut admirer la superbe baie, mais aussi les nombreuses anses et plages en contrebas. En plus de la vue magnifique, l'ascension vers le Fort Napoléon est aussi l'occasion d'en connaître davantage sur l'histoire de l'archipel des Saintes et de sa culture. Le fort abrite un musée qui retrace le passé de l'archipel. On peut ainsi s'extasier devant d'authentiques uniformes de la marine française d'antan, des bateaux traditionnels ou encore des accessoires en tout genre de la marine.
Une randonnée guidée sur ses reliefs abrupts est l'occasion de s'intéresser à des espèces d'arbres jouant un rôle fondamental dans la pharmacopée antillaise. Les feuilles du vèpèté, par exemple ont des propriétés antiseptiques alors que la sève du gommier rouge est un excellent cicatrisant, le bois canon régule la tension artérielle..... D'autres ont plusieurs usages, mais la nature peut aussi être dangereuse. Ainsi, il ne faut surtout pas toucher ni s'attarder sous les mancenilliers, au suc extrêmement corrosif pour la peau. Aux Saintes, ces arbres toxiques sont signalés par une marque rouge.
Les Guadeloupéens adorent pique-niquer en famille, dans des endroits idylliques et/ou improbables. Au bord de la mer, sur une plage, sur un parking, au milieu de la forêt...En se posant à côté d'eux avec notre attirail, nous avons finalement échangé nos repas respectifs, parlé de nos familles et de nos styles de vie différents, et nous avons ri. Enormément !
La vie s'écoule au rythme délicieux de ses vénérables moulins. L'île en compterait une centaine, dont le rôle fut jadis fondamental dans l'exploitation de la canne. La production sucrière de Marie-Galante remonte au XVIIe siècle. À proximité du débarcadère de Grand-Bourg, l'habitation Murat, transformée en écomusée, invite à mieux comprendre l'organisation de cette funeste économie basée sur l'esclavage. Une halte près de la mare au Punch est l'occasion de s'intéresser au processus d'abolition, plus douloureux ici que sur la grande île de Guadeloupe. La légende raconte que, pour célébrer leur liberté, les affranchis de l'habitation Pirogue auraient rempli la mare de rhum pour y festoyer durant trois jours..... À en croire les Guadeloupéens, le rhum agricole produit ici serait le meilleur au monde. Le plus fort, sûrement, puisqu'il peut titrer jusqu'à 59° d'alcool !
Fiers de leur jardin d'Éden, les Marie-Galantais sont attentifs à son entretien. On peut observer de nombreuses cases créoles, colorées et fleuries. Mais c'est avec son littoral que l'île achève d'envoûter ses visiteurs.
Des plages immaculées de Vieux-Fort à l'arche vertigineuse de Gueule Grand Gouffre, la concentration de joyaux naturels est aussi enivrante que le rhum local !
Le surnom peu flatteur de Grande Galette attribuée à Marie-Galante pour sa forme arrondie ne fait pas honneur à ses charmes. Charles Baudelaire aurait pu lui dédier ses célèbres vers : «Là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté».