15 Février 2023
Prenant sa source en Espagne, la Garonne parcourt 647 km des Pyrénées à l'océan Atlantique. Sur cet itinéraire parfois chahuté, mille beautés naturelles et culturelles s'offrent à nous !
Quoi de mieux pour découvrir à la fois la Garonne et Toulouse que de voguer sur le fleuve ? Les Bateaux toulousains proposent de juillet à octobre trois options pour apprécier pleinement ses atouts dans la ville rose : une balade de 30 minutes dans le cœur historique de la cité ; une promenade d'une heure sur la Garonne et le canal de Brienne, avec le passage de l'écluse Saint-Pierre entre les deux cours d'eau et la découverte des monuments toulousains ; et une sortie nocturne pour admirer la ville habillée de lumière.
Cependant, une bonne découverte de Toulouse suppose quelques précautions élémentaires. La plus importante est de prendre son temps. Si vous bondissez de site en monuments, de musée en expositions, vous découvrirez la façade - certes brillante - de Toulouse, pas son âme. Il faut donc flâner, sans chercher systématiquement le monument important ; tout en sachant que la façade la plus triste peut cacher des merveilles : cours, jardins, escaliers, tours, sont la plupart du temps invisibles de la rue. Les terrasses de café sont d'excellents observatoires, d'où on peut voir vivre les Toulousains. Elles permettent également de lutter efficacement contre l'atmosphère desséchante du centre ville.
Cette découverte suppose bien évidemment l'abandon complet de la voiture. La marche est le meilleur moyen de découverte, sans oublier qu'en ville, les distances paraissent réduites : on va facilement d'un lieu à l'autre mais, le soir, les jambes font l'addition !
La place du capitole nous sert de point de départ, nous empruntons vers le nord, la rue du Taur, dont le nom évoque un des épisodes les plus lointains de notre histoire. Axe vital du quartier latin, elle abrite, de même que ses voisines, les rue Gambetta et des Lois, de nombreuses librairies, mais ces dernières ne sont pas la seule trace de ce passé intellectuel : au n° 69, un magnifique portail dû à Nicolas Bachelier (1555) marque l'entrée de l'ancien collège de l'Esquille, fondé au XVIe siècle pour héberger six étudiants pauvres. Au n° 56, une austère façade constitue le dernier vestige du collège de Périgord, fondé en 1360 par le cardinal Hélie de Talleyrand-Périgord et achevé en 1372, il devint grand séminaire sous le Consulat et fut reconstruit à partir de 1823 à l'exception du corps de bâtiment donnant sur la rue du Taur. En franchissant le porche on fait facilement la comparaison entre les deux époques de construction.
Nous poursuivons dans la rue du Périgord et découvrons la bibliothèque municipale inaugurée en 1935 et comptant parmi les plus riches de France.
Nous revenons sur nos pas, entre la bibliothèque et la tour Maurand, un portail vert ouvre sur une courette, on le franchit et comprenons pourquoi la chapelle dans laquelle on se trouve a été surnommée la «Sixtine toulousaine».
Bâtie à l'initiative de Louis XIII pour les Carmélites (dont le couvent occupait l'emplacement de la bibliothèque) cette chapelle fut achevée en 1643 mais décorée bien plus tard, au milieu du XVIIIe siècle, par Jean-Baptiste Despax.
Reprenant la rue du Taur, nous débouchons sur la place Saint-Sernain. Même si celle-ci est occupée le dimanche par le marché aux puces, on ne peut ignorer la célèbre basilique, plus grand édifice roman de la chrétienté. L'église Saint-Sernin abrite depuis la fin du IVe siècle les restes de saint Saturnin. Il fallait à des reliques aussi prestigieuses une église plus digne que l'humble oratoire du Taur. L'intérieur de Saint-Sernin mériterait une description détaillée, mais je me contenterai de vous dire que peut-être là bien plus qu'ailleurs, on se laisse prendre par cette ambiance de grandeur lumineuse. L'extérieur du monument est aussi passionnant que l'intérieur. Sculptures, chapiteaux, constituent un merveilleux livre d'instruction religieuse. Toute proche, l'autre église Saint-Pierre fut bâtie à partir du XVIIe siècle par les chartreux de Castres chassés par les protestants en 1567. Dominée par la statue de saint Jean-Baptiste, elle renferme des richesses hors de propos avec la rigueur cartusienne.
Notre regard est attiré par la Garonne, et nous remarquons en aval du pont, la chaussée du Bazacle : elle marque l'emplacement du gué antique auquel Toulouse doit son existence. Les moulins, situés au bout de la chaussée, sur la rive droite, quant à eux, ont longtemps fait la gloire de la ville ; il s'agit de la société anonyme la plus ancienne d'Europe (XIIe siècle).
Du Bazacle, la tentation est grande de suivre le canal de Brienne, que l'on doit au cardinal Loménie de Brienne. Creusé pour permettre aux barques de contourner la chaussée du Bazacle, il est devenu, grâce à ses bords ombragés, un lieu de promenade fort agréable.
Mine de rien on se retrouve à l'autre bout, au bassin de l'embouchure où il rejoint le canal du Midi et le canal latéral à la Garonne qui relie Toulouse à Bordeaux.
Nous retournons sur la place du Capitole. Non, rassurez-vous la promenade n'est pas terminée ! Pour la rejoindre, nous choisissons les rues les plus étroites. Peuplé de restaurants bien attirants, ce quartier fait partie de celui des affaires. Dès le moyen Age, banquiers, marchands font construire de riches demeures destinées à montrer leur puissance. Celles-ci leur serviront à accéder aux fonctions municipales ou parlementaires, c'est à dire à la noblesse à laquelle ils aspirent ardemment. Rien d'étonnant, donc, à ce que bon nombre de ces vieux hôtels qui font la célébrité de Toulouse soient concentrés dans le secteur de la rue Saint-Rome. Pourquoi Saint-Rome ? C'était le nom le plus courant de la chapelle Saint-Romain qui, à l'emplacement de l'actuel n°24, fut le siège de l'ordre dominicain avant son transfert aux Jacobins.
Pendant des siècles, la rue Saint-Rome fut la voie la plus large de Toulouse ! Maintenant réservée aux piétons, c'est toujours un centre commercial actif, mais son animation vient aussi de tous les petits spectacles que les zones piétonnes ont fait renaître.
Il serait lassant d'énumérer toutes les maisons et autres architectures qui, du Moyen Age aux XIXe siècle, méritent l'attention. Quoi qu'il en soit, on fini par arriver au square De Gaulle qui, pour tous les Toulousains, reste encore le jardin du Capitole.
Il resterait beaucoup de choses à dire, beaucoup de lieux à parcourir : Jolimont, d'où l'on domine la ville, mérite une visite avec l'observatoire transformé en musée, la «Colonne» commémorative de la bataille du 10 avril 1814, sans parler du cimetière de Terre Cabade «la terre creusée» et aussi la ville nouvelle du Mirail, les zones vertes de Sesquières, de la Ramée, des Argoulets, de Pech David, le parc d'expositions, sans oublier le musée Georges Labit. Bref, il faut visiter Toulouse !
Cet immense plan d'eau artificiel d'une superficie de quatre cents hectares se trouve au confluent du Tarn et de la Garonne. Il est occupé sur vingt-cinq hectares par une base de loisirs où l'on peut pratiquer la voile, la planche à voile, la canoë ou la pêche. Des aires de pique-nique sont à disposition avec des tables, des barbecues et des jeux pour les enfants. Mais ce n'est pas tout ! l'étang est également une réserve ornithologique abritant plus de cent quatre-vingt-dix espèces d'oiseaux. Un observatoire a été aménagé, où l'on peut admirer aigrettes, hérons, cormorans, goélands, cygnes et autres sternes, et à partir duquel il est possible de suivre un bel itinéraire autour du plan d'eau.
Tout près de Saint-Nicolas-de-la-Grave, il ne faut manquer sous aucun prétexte Moissac, une petite ville située au milieu des vignes et des vergers, et sa célèbre abbaye. La légende attribue la fondation de l'édifice religieux à Clovis en 680, mais on considère plutôt qu'il date du IXe siècle. Au cours du Moyen Âge, il a abrité l'une des plus importantes communautés du monde occidental chrétien. Chaque année des milliers de pèlerins parcourant les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle viennent ici découvrir ce monument exceptionnel dont le cloître et le tympan sont inscrits au patrimoine de l'Unesco. Il est également connu dans le monde entier depuis qu'il a été filmé par Jean-Jacques Annaud pour Le Nom de la Rose en 1986.
L'abbatiale Saint-Pierre a une base romane bâtie en pierre blanche et une partie supérieure de style gothique construite en brique. Son cloître a été étonnamment bien conservé et on peut encore admirer sa structure intacte et les détails de ses soixante-seize chapiteaux. Le portail et son tympan illustrant un chapitre de l'Apocalypse selon saint Jean sont aussi tout à fait remarquables.
Nous visitons les vignes aux alentours de Bordeaux en arpentant la fameuse départementale D2, également appelée «Route des châteaux». On découvre alors tous les trésors du Médoc : les paysages incroyables, mais aussi plusieurs des nombreuses propriétés viticoles qui longent cet itinéraire. Par exemple le château du Taillan, a la particularité d'être l'un des rares crus bordelais ayant à sa tête des femmes. Cinq soeurs tiennent en effet les rênes de la propriété qui date de 1896. Les visites guidées permettent de se plonger dans l'oenologie et d'en apprendre plus sur les techniques de vinification. Sans oublier l'indispensable dégustation !