11 Octobre 2022
Vérone, est parmi les plus glorieuses, les plus antiques, les plus belles villes d'Italie, et l'une des plus justement célèbres et des plus attachantes.
Les origines de Vérone se perdent dans la nuit des temps et l'origine même de son nom n'est pas connue avec certitude ; par contre, il est attesté que les premières installations de groupes humains là où se dresse la ville remontent à la Préhistoire. Les principaux monuments romains datent en effet du 1er siècle. Le centre historique de la ville conserve encore la structure traditionnelle réticulaire que lui donnèrent justement les Romains ; elle est disposée selon les deux axes fondamentaux du cardo et du decumanus. Les témoignages de cette époque (amphithéâtre, théâtre, arcs, ponts, etc.) font de Vérone la ville la plus «romaine» d'Italie, après Rome.
L'entrée principale est la plus représentative de Vérone, il s'agit de l'entrée sud ou les plus grands courants de la circulation viennent des raccords d'autoroutes (l'autoroute «Sérénissime» et celle du Brenner). Ici, l'on devine déjà la Vérone antique. Dès l'entrée, la ville manifeste les titres de son ancienne noblesse : surtout dans la monumentale Porta Nuova qui conserve en partie ses structures originales ; construite par Michele Sanmicheli entre 1435 et 1440, elle fut largement transformée par les Autrichiens en 1854. D'ici, le Corso Porta Nuova mène directement au centre ; au fond de cette avenue l'on découvre les tours, les collines et les Préalpes.
Pour accéder à cette place, la plus belle de Vérone et en même temps une des plus grandioses et des plus vastes d'Italie, l'on passe sous les Portono della Bra, ce sont deux arcs crénelés faisant partie des murs d'enceinte construits par Gian Galeazzo Visconti à la fin du XIVe siècle ; ils sont flanqués d'un côté de la Torre Pentagona construite dans le plus pur style XIVe siècle. Un jardin où se trouve la statue de Victor-Emmanuel II (1883) et celle du Partisan, occupe le centre de la place. Trois des côtés du pourtour irrégulier de la place sont bordés d'édifices de grande valeur.
Parmi les monuments qui ont fait la célébrité de Vérone et dont elle peut à juste titre s'enorgueillir, le plus important et certes l'amphithéâtre romain, mieux connu sous le nom d'«Arènes». Jadis situé hors de l'enceinte des murailles romaines, il y fut enclos au IIIe siècle par l'empereur Gallien, dans un but défensif. On suppose qu'il fut construit au début du 1er siècle.
La grande masse de l'amphithéâtre (que seul le Colisée dépasse en grandeur et en majesté) s'élève sur un plan elliptique de 138.77 x 109.52 m à l'extérieur, avec une scène intérieure de 73.68 x 44.43 m. Le monument est revêtu extérieurement de briques et de pierres de Vérone, créant un brillant effet de couleurs. L'intérieur de l'Arène est en lui-même un spectacle d'une force et d'une grandeur des plus suggestives, avec le mouvement concentrique des gradins qui semblent manifestement destinés à des publics immenses. L'admirable état de conservation des gradins est dû à l'amour que les Véronais ont toujours (ou du moins à partir d'un certain moment de leur histoire) porté à leur plus grand monument. La fonction de l'Arène fut à l'origine celle des tous les amphithéâtres et cirques romains, c'est à dire d'accueillir les jeux des gladiateurs, les chasses, etc. Aujourd'hui cependant, et plus précisément depuis 1913, l'Arène est devenu le siège permanent et incomparable de représentations d'opéra qui se déroulent (comme c'était le cas lors des spectacles antiques) devant un public très important et sur la plus grande scène du monde.
La Piazza delle Erbe, dont la superficie correspond en partie à celle du Forum de la Vérone romaine, est une des places les plus belles et les plus pittoresques d'Italie. C'est aussi l'endroit qui traduit le mieux le caractère vif et fantasque de la ville. Ceci est dû à l'animation qui lui vient de son marché de fruits et légumes, coloré et populaire (les parasols de la Piazza delle Erbe sont désormais une image célèbre dans le monde entier). Ce caractère vient également de la diversité des édifices qui la bordent et des remarquables monuments qui la décorent. Chère aux poètes et aux peintres, la Piazza delle Erbe a été définie comme «le plus beau monument de Vérone». Une visite de cette place permet de jouir de son atmosphère incomparable et aussi d'en admirer les éléments les plus remarquables.
L'aventure amoureuse de Roméo et Juliette que la tragédie de Shakespeare a rendue immortelle, non seulement trouve dans l'atmosphère moyenâgeuse de Vérone une correspondance générale mais a dans cette ville des référence concrètes et précises. L'une d'elles est la maison de Juliette dans la «Via Capello», à quelques pas de la Piazza delle Erbe ; c'est une construction élevée remontant peut-être au XIIIe siècle avec une belle façade en brique. La tradition la désigne justement comme la maison des Capulet (la famille véronaise dans laquelle serait née Juliette). On peut ici revivre la scène du balcon, issue du célèbre drame de Shakespeare, et l'occasion unique de prendre la pose avec la statue de bronze de Juliette. La légende raconte par ailleurs que la toucher assurerait chance et amour. Le musée permet de plonger au coeur de cette célèbre histoire d'amour et de découvrir le légendaire balcon de pierre de Juliette.
En restant dans l'atmosphère de la légende Shakespearienne, la tradition aime à reconnaître en cette belle maison médiévale, avec sa façade en brique et les traces encore visibles du crénelage original, la maison des Montaigu, c'est à dire la famille à laquelle appartenait le jeune Roméo.
Une place qui, bien que située tout près de la Piazza delle Erbe et faisant partie d'un ensemble unique, en diffère totalement par la forme, l'esprit et la qualité. Par le passé, d'une façon un peu romantique, quelqu'un l'a définie comme le «salon» de Vérone. En ce sens, la piazza dei Signori est vraiment l'endroit le plus aulique, le plus aristocratique de la ville ; elle est surtout remarquable en raison de l'harmonie pleine de recueillement qui s'en dégage.
En venant de la Piazza delle Erbe, nous avons à notre droite la masse carrée du palais de la Commune ; des décorations de style renaissance ont été ajoutées sur la façade romane, curieusement caractérisée par des bandes de briques et de pierre (la couleur est l'élément distinctif, le leitmotiv de Vérone). Faisant suite à celui-ci, après la haute tour crénelée de la seconde moitié du XIVe siècle et le beau portail de Sanmicheli (XVIe siècle), dans la cour on admire la célèbre Porta Bombardiera, de 1687. La cour revêt un intérêt tout particulier, avec son magnifique puits de la Renaissance, sa «loggia» gothique qui jadis portait des fresques d'Altichiero (XIVe siècle). Ce palais, ainsi que l'église tout proche de Santa Maria Antica, est particulièrement lié au souvenir de Dante qui trouva auprès des Scaliger «son premier refuge et sa première auberge».
Le monument de loin de plus important, sur cette place, est la splendide Loggia du Conseil, construite entre 1476 et 1493 (son attribution à l'architecte véronais Fran'Guicondo est très discutée). C'est le plus remarquable de tous les édifices de la Renaissance à Vérone ; il unit à la grâce presque toscane des formes, la subtile préciosité de la décoration et les tons chauds des couleurs vénitiennes. J'ajoute : toujours sur cette place, la façade XVIIIe de la Domus Nova, avec son grand arc central ; et à titre de curiosité, le café Dante, le seul de Vérone qui conserve presque intact son aspect traditionnel du XIXe siècle.
Le château de Castelvecchio
A des fins défensives, Cangrande II della Scala fit construire en 1354-55 la grande masse du Castelvecchio, couronnée de tours. Un grand tronçon de l'enceinte communale y fut inclus, jusqu'à l'Adige. Ce château a connu de nombreuses vicissitudes et subi, toujours avec de graves dommages, les dominations consécutives des Visconti, de Venise, de la France et de l'Autriche. Napoléon fit construite un fortin dans la cour intérieure. Pour des raisons militaires évidentes, le château vit tomber ses tours et ses créneaux et ne fut remis en état que vers les années 30, lorsque l'ancienne forteresse fut définitivement transformée en musée.
Extérieurement, six tours dont une plus haute et plus puissante (le Donjon) soutiennent le pourtour irrégulier du château. Un profond fossé où coulaient les eaux du petit Adige a été creusé le long de la courtine crénelée ; d'autres courtines intérieures divisent l'espace en trois cours de différentes grandeurs. Des restaurations ont permis de récupérer des éléments originaux parmi lesquels la Poterne du Morbio, une partie du rempart intérieur et les restes de l'ancienne église Saint Martin.
Le célèbre pont appartient à l'ensemble de Castelvecchio et s'intégra au système de défense de ravitaillement. Œuvre essentiellement militaire à l'origine, il s'est révélé être un parfait chef-d'œuvre de technique médiévale, d'une haute esthétique.
Le pont Scaliger
Trois grandes arches prennent appui sur deux puissants piliers en forme de tour. La brique est le matériau le plus employé et sert de revêtement à la partie supérieure des piliers-tours et des arches ; les hauts crénelages en queue d'hirondelle sont également en briques. Du pont, l'on a une des plus belles vues du fleuve et de la ville, et, vu de l'extérieur, lui-même donne un bel effet de couleurs. Maintes fois remanié au cours des siècles, le Pont Scaliger fut en partie détruit par la guerre en 1945. Il fut aussitôt intégralement reconstruit, semblable en tout point à l'image d'avant-guerre.
Ce jardin appartient au Palais Giusti qui date du XVIe siècle et c'est l'un des plus beaux jardins italiens de la fin de la Renaissance (1580). Il se divise en deux parties : une partie inférieure, «à l'Italienne», où se dessinent allées, labyrinthes, fontaines, statues, etc. et une autre au flanc de la colline de San Zeno in Monte, avec une grande allée de cyprès (tant louée par Goethe) ; là se dresse un édifice orné d'une tour dont l'escalier intérieur en colimaçon mène à un palier qui offre une vue magnifique sur la ville.
L'Adige dont le cours sinueux et pittoresque divise la ville est un des éléments originaux du paysage véronais. La traversée de la ville commence en amont, à la digue de Chievo, et aussitôt les ponts se suivent l'un l'autre. Les collines de Vérone qui donnent à la ville un aspect tout particulier avec ce vaste semi-cercle qu'elles forment au nord-est, ont une influence bénéfique sur le climat. Après le long abandon imposé au cours des siècles par les servitudes militaires, ces collines ont grâce à la création d'un vaste réseau routier, à une opération intense de reboisement, à l'établissement de quartiers résidentiels, d'installations sportives, de lieux de rencontre, etc. Ces tendres et riantes collines offrent de nombreux points panoramiques dont voici les principaux : la nouvelle strada dei Colli, piazzale di Castel San Pietro, Strada delle Torricelle, cette dernière offre une vue très étendue sur la ville et les Préalpes Vénitiennes.
Vérone est la première ville représentant manifestement et avec exactitude, le visage, l'aspect, la mesure, le caractère, le génie, la tradition, la beauté de l'Italie dont elle annonce et éclaire la personnalité. C'est une ville magnifique grâce à ses qualités naturelles ( son fleuve, ses collines, le lac de Garde tout proche, son décor montagneux), ses monuments célèbres, ses nombreuses cathédrales, son splendide townscape et son cadre fascinant. Vérone est aussi un grand centre culturel, elle possède des universités, d'illustres musées et bibliothèques. Tout cela a contribué à faire de Vérone un des principaux centres touristiques d'Italie.