9 Novembre 2022
Commune bretonne située dans le Finistère Sud et ancienne place forte de Bretagne, Concarneau est à la fois une station balnéaire, et un important port de pêche. Elle est baptisée «ville bleue» en raison de la couleur bleue utilisée pour teindre les filets de pêche.
Ville d'art et d'Histoire, Concarneau est célèbre pour sa «ville close», une cité fortifiée du XVe et XVIe siècle et remaniée au XIXe siècle par Vauban, autour de laquelle la ville s'est développée. Elle offre depuis ses remparts des panoramas incroyables sur la baie de Concarneau, les ports de pêche et de plaisance. Ses étroites ruelles pavées abritent toute une panoplie de restaurants et boutiques ainsi que le musée de la pêche.
Se trouvant à seulement 5 minutes de la Ville fermée de Concarneau. Le château de Keriolet est inscrit au titre des monuments historiques. Il abrita le destin exceptionnel et atypique de la princesse impériale russe, Zénaïde Narishkine Yousoupov, et de son époux le comte Charles de Chauveau, ainsi que l'histoire extraordinaire du château, un joyau unique dans la région de l'architecture du XIXe siècle, mais dont les origines remontent au XIIIe siècle.
Au cours du XXe siècle, le château de Keriolet a connu plusieurs propriétaires dont le petit-fils de la princesse, Felix Youssoupov, célèbre pour son rôle dans l'assassinat de Raspoutine. Depuis 1988, le château a été merveilleusement restauré. De nos jours, le site héberge certains des meilleurs événements de musique électronique, pour des fêtes qui se prolongent jusque tard dans la nuit.
Ce joyau du XIXe a accueilli les destins de la princesse impériale russe, la tante du tsar Nicolas II, Zénaïde Youssoupov Narischkine et son mari, le comte Charles de Chauveau de 25 ans son cadet (son deuxième époux) . Charles n'est ni noble, ni riche. Qu'à cela ne tienne ! Zénaïde achète titres de noblesse et domaine. Par calcul pour la carrière politique du désormais comte de Chauveau, les époux jettent leur dévolu sur le château de Keriolet, qui en 1862 n'est qu'un humble manoir. La princesse va en faire un château extravagant : une aile de style médiéval, une autre Renaissance, une troisième néogothique.
Charles de Chauveau décède en 1889 d'une crise cardiaque. Les mauvaises langues disent qu'il serait mort dans les bras de Marie-Jeanne, la cuisinière. Zénaïde Naryschkine meurt, quant à elle, à Paris, quatre ans plus tard. L'histoire d'amour s'achève dans un caveau, au cimetière de Beuzec-Conq, pour le comte, et dans une tombe, tout là-bas en Russie, pour la princesse.
Le château de Keriolet sombre dans une période obscure. Il devient musée départemental, se retrouve enjeu malheureux d'une histoire de succession, est transformé en hôpital, en août 1944, abandonné et pillé dans les années soixante, et finalement ravagé par la tempête d'octobre 1987.
C'est alors que son sauveur arrive. Un touriste de passage reconnaît le château, baroque et fantasque, sorti de l'imaginaire de la princesse russe. Tout doucement, Kerliolet renaît. Petit à petit, pièce par pièce, son nouveau propriétaire le restaure.
Tous les jours, jusqu'au mois de septembre, les visites du site sont guidées par de jeunes bénévoles qui racontent l'histoire passionnante de ce château du XIXe au destin si particulier.
La cour intérieure est surprenante ! L'architecte Joseph Bigot s'est inspiré de différents monuments de la région. Son habilité n'avait d'égal que les caprices de la princesse. La construction du château va durer 20 ans et produire des juxtapositions de styles étonnantes. Le château est décoré par de multiples gargouilles, gnomes et animaux.
Afin d'embellir le parc et voyant toujours grand, Zénaïde fait planter 1000 chênes. En rappel de ces arbres, les gouttières du château sont sculptées de feuilles de chênes. On dit qu'il y en aurait 1000, mais personne n'a jamais vérifié ! Cette façade se situe face à la mer et les îles Glénan, resplendissantes. Amoureuse de la région, la princesse multiplie les symboles rappelant l'histoire et les traditions bretonnes. On y voit un couple de Bretons en costumes traditionnels, des jambes d'hermine, des symboles du nationalisme Breton, des lys rappelant l'attachement du comte à la royauté. Une statue en granit de la duchesse Anne de Bretagne est érigée non loin de celle de Charles VIII. Louis XII monte à cheval sur le trône au-dessus de l'entrée de la salle des gardes.
Sur cette façade, une alcôve coupée des vents d'ouest est une véritable caisse de résonnance. Elle est destinée à amplifier la voix des visiteurs. Zénaïde avait 80 ans quand les travaux s'achèvent. Souffrant de surdité elle avait tout prévu !
Elle était la salle de bal où la princesse organisait de grandes réceptions. La cheminée (assignée) est en pierre de kersanton, un granit volcanique au grain fin qui se prête à la sculpture. Au-dessus de la cheminée se trouve un chevalier représentant le comte et derrière lui son arbre généalogique, fictif, qui le relie à la crème de l'aristocratie française. Sur les murs orientés au nord, quatre fenêtres représentent le comte dans différentes situations. Un balcon intérieur surplombant la salle des gardes, permettait à la princesse âgée de suivre les festivités et de surveiller son mari !
Le salon était la pièce préférée de la princesse car placée au sud, elle était plus facile à chauffer. Elle stockait là toutes ses merveilleuses collections : porcelaines chinoises, tapisseries, céramiques, terres cuites....Cette pièce a retrouvé sa splendeur d'antan.
Le salon et la salle à manger dont deux belles pièces du rez-de-chaussée, qui s'ouvrent sur les jardins. La salle des gardes donne sur la même terrasse ornée de deux lions en pierre.
La cuisine a été miraculeusement épargnée par les pillards. Les murs sont recouverts de faïence de Desvres, une petite ville du nord de la France. Chaque carreau est peint à la main. Les repas étaient préparés dans le grand four et dans la cheminée et le four à pain.
Avec trois poêles, le château possédait à l'époque un système de chauffage par le sol avec des conduits passant sous les planchers et de l'air chaud qui s'évacuait par des grilles fixées au sol. Un système révolutionnaire pour l'époque qui permettait un exceptionnel confort.
La devise de Zénaïde Naryschkine était : «Toujours et quand même» - Keriolet signifie en breton : «Maison de la lumière, maison du soleil».