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Rosa Bonheur, la plus célèbre peintre animalière

Portrait de Rosa Bonheur réalisé par Georges Achille-Fould © Crédit photo : Laurent Theillet/SUD OUEST

Portrait de Rosa Bonheur réalisé par Georges Achille-Fould © Crédit photo : Laurent Theillet/SUD OUEST

Elle était si célèbre de son temps, que les artistes hommes l'affublaient d'un talent typiquement masculin. Rosa Bonheur reste à ce jour la peintre animalière la plus connue.

Le Marché aux chevaux est le tableau qui la rend célèbre dès qu'elle le présente au salon de 1853.

À une époque où d'incessantes polémiques opposent les classiques des romantiques, ce tableau ne soulève que des éloges dans les deux camps. Il ne recevra pourtant aucune médaille mais lui assure désormais une exposition de ses œuvres au Salon sans au préalable être soumise à l'examen du jury. Ce succès lui ouvre les portes de la renommée et lui permet d'effectuer des tournées en Belgique et en Angleterre où elle est présentée à la reine Victoria. Le tableau part ensuite aux États-Unis où il est finalement acquis par un Américain pour l'énorme somme de 268.500 francs-or, avant d'être offert au Metropolitan Museum of Art de New-York. 

Le château de By, bâtisse du XVe siècle rehaussée d'élégantes tourelles néogothiques, pierre claire et briques rouges zébrées de colombages, à un bon kilomètre de la petite gare de Thomery (Seine et Marne). Un havre de paix à l'orée du bois, entre frondaisons et pépiements d'oiseaux, avec vue sur une boucle de la Seine depuis la terrasse du toit.  Dans l'atelier une femme au visage volontaire demeure la main suspendue en l'air dans la contemplation du tableau. Au bout de ses doigts, un pinceau s'est immobilisé alors que dans l'autre main, les couleurs chatoyantes de la palette font la nique à la grisaille. Un lionceau pénètre alors dans la pièce et pousse un miaulement de chaton. Rosa Bonheur (1822-1899) délaisse son travail pour appeler l'animal qui vient se frotter à elle en ronronnant. Elle, son truc, ce sont les animaux. Elle en peint de toutes sortes : crocodiles, chevaux, vaches, tigres et panthères. Des bêtes domestiques aussi comme les chiens et les chats.

Depuis qu'elle a installé son atelier au château de By près du village de Thomery en Seine et Marne, sa vie a changé. Elle se laisse aller à sa passion des animaux et a installé une ménagerie dans sa maison. 

Il y a de quoi faire sur les quatre hectares de sa propriété. Un lion et sa lionne, un cerf, un mouton sauvage, une gazelle, des chevaux, des poules, des chiens, des chats. Tous sont les bienvenus dans cette arche de Noé où Rosa Bonheur, dont la peinture est célèbre jusqu'aux États-Unis, a installé son atelier. 

La veille, l'impératrice Eugénie lui a rendu une visite surprise pour l'inviter à déjeuner au château de Fontainebleau avec Napoléon III. La peintre ne sait pas encore que l'année suivante, elle reviendra à By pour lui remettre en personne les insignes de Chevalier de l'ordre de la légion d'honneur, faisant d'elle la première femme artiste à recevoir cette distinction. Cette destinée, elle la doit à son père lui-même peintre, illuminé et idéaliste qui l'a formée à la peinture et en a fait une femme libre. 

Elle expose pour la première fois à 19 ans au salon de peinture et de sculpture de 1841 et sept ans plus tard, alors que la révolution gronde, c'est la consécration ; elle décroche l'or pour un tableau intitulé Bœufs et taureaux, races du Cantal. En 1852, pour pouvoir se rendre sur les marchés aux bestiaux, elle obtient auprès de la préfecture de police l'autorisation de porter des pantalons. Une «demande de travestissement» qui ne sera abrogée qu'en....2013 ! Non conformiste, Rosa Bonheur porte les cheveux courts, fume le cigare et monte à cheval, non en amazone, mais comme un homme. Elle refuse de se marier et vivra 50 ans avec la même femme. 

Huit ans plus tard, elle est célèbre et n'a plus besoin d'exposer au Salon, toute sa production est vendue d'avance. Les têtes couronnées lui font des commandes et elle s'attire des éloges qui sous-entendent que son talent ne peut être que masculin. «Avec elle, il n'y a pas besoin de galanterie ; elle fait de l'art sérieusement, et on peut la traiter en homme», écrit Théophile Gauthier. 

Rosa n'en a que faire et poursuit sur la voie du succès. Elle présente de nombreuses toiles aux expositions universelles de Paris de 1867 et 1889. C'est à l'occasion de celle-ci qu'elle invite Buffalo Bill, (le chasseur de bisons le plus célèbre de l'histoire américaine, la figure mythique et aujourd'hui décriée de la conquête de l'ouest) à séjourner au château de By après qu'il l'ait invitée lui-même à être artiste en résidence dans son Wild West Show. Une amitié forte naît entre eux. Rosa meurt en 1899 d'un congestion pulmonaire. Elle est la première artiste dans l'histoire de la peinture qui voit le marché de l'art spéculer sur ses tableaux de son vivant. 

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J
Mes compliments pour ce très intéressant article ainsi que pour l'ensemble des articles proposés à la lecture ! Bien à vous, Claudy
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C
Merci beaucoup Claudy :)