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L'AUBE au fil des lacs ...

L'AUBE au fil des lacs ...

Bulles d'eau ou de Champagne, l'Aube Pétille de toutes ses richesses. L'été les grandes étendues bleutées, comme les sirènes, attirent..

Ah ça, je l'ai sillonné de long en large ce département de Champagne, et je le connais bien, Mais il n'a pas encore fini de me surprendre. Je continue de l'explorer, séduite par la diversité de ses paysages, des berges de la Seine à celles de la rivière Aube qui lui a donné son nom, de ses plaines crayeuses à ses forêts et ses lacs. Justement, si on allait au lac ? C'est ainsi qu'on dit, ici. On va au lac. Le lac d'Orient. 

Le nom déjà, teinté de mystère et d'exotisme, est un appel. Il est artificiel, pourtant, mais la main de l'homme a si bien oeuvré qu'il se fond naturellement dans la nature sauvage. L'eau, la forêt et la terre s'unissent en harmonie, et ce mariage de raison réussi fait le bonheur des touristes comme des Aubois. Ainsi que celui des milliers d'oiseaux attirés par l'eau, les roseaux et les grands arbres. 

Réguler la Seine 

Et dire que personne n'en voulait, du lac ! On ne voyait pas d'un bon oeil la création de ce réservoir dont le rôle premier est de réguler les eaux de la Seine afin d'éviter les crues, notamment à Paris. Convaincre les habitants n'a pas été facile et certains ont fait de la résistance ! C'est vrai qu'il a fallu noyer les chênes centenaires, des prés, une ferme et des tuileries, et déplacer le cimetière. C'était dans les années 60 et ça n'a pas été un long fleuve tranquille ! «Le bénéfice, n'est pas pour nous mais pour les Parisiens» martelait-on dans les chaumières. Pourquoi ici ? En raison de l'endroit qui s'y prêtait. Une terre argileuse retenant les eaux, une cuvette déjà baignée d'étangs et seulement des prés - pas de cultures - aux alentours. Mais le jeu en valait la chandelle. Désormais, plus de cinquante ans après, outre son rôle de régulateur, le lac attire près de 100 000 visiteurs chaque année, tous ravis par la magie de l'endroit. Un endroit protégé, car il s'étire dans un parc naturel régional, et c'est plutôt rassurant. 

En route pour la plage 

De Creney-près-Troyes ( ses habitants s'appellent des Coeurlequins, joli, non ?) nous empruntons une nationale bordée de grands champs, puis nous tournons sur la droite à La Belle Épine pour rouler doucement, sur une départementale qui traverse des villages de charme aux maisons coquettes, dont les fenêtres fleuries de géraniums mettent en lumière les pans de bois. On a réhabilité les lavoirs et les granges dans un souci d'authenticité. Tiens ! des ailes tournent sur la butte. Non, pas une éolienne, mais le moulin à vent des Dosches, construit dans la tradition. Il se dresse pour rappeler que de telles constructions servaient à moudre le blé, avant. 

Le moulin des Dosches

Nous continuons notre chemin et déjà, au loin, nous apercevons les eaux calmes dont l'horizon se mélange au ciel dans un camaïeu de bleus et de gris. Je baisse la vitre. Une bouffée d'air chaud encore chargé des odeurs de moisson me saute au visage. Fini les blés ondulants sous la brise, les damiers jaunes des colzas, l'étendue mauve de l'œillette. Les champs, rasés de leurs cultures, s'étendent à perte de vue. Ne restent que ces boules de paille disséminées dans la plaine desséchée comme autant de bouchons dorés. 

Puis, au fil des kilomètres, les senteurs changent, on approche de Géraudot et de sa plage de sable fin. Si ce n'était l'odeur d'herbe mouillée qui remplace celle de la marée, on se croirait en bord de mer ! D'autant que les voiliers font miroiter leurs couleurs sous les rayons clairs et que quelques mouettes volent en rase-mottes. 

Le dépaysement. Les vacances, ici entre eau et forêts, prennent une saveur particulière, faite de douceur et de plaisirs simples. Baignade, jeux, pédalo, farniente...Le lac d'Orient, c'est un lieu privilégié où l'on peut faire de la plongée, pêcher aussi, de la rive ou plus loin, là où l'eau profonde prend une couleur sombre. 

Le Temple de la carpe 

Nous continuons notre chemin en traversant la forêt d'Orient pour atteindre Mesnil-Saint-Père. Une autre plage, un port de plaisance où s'amarrent les voiliers dont les drisses chantent dans les mâts, une jetée où se croisent les passants. 

On y rencontre des promeneurs qui sillonnent à pied, à bicyclette, les rives du plan d'eau, des artistes attirés par les paysages à peindre. D'autres préfèrent l'heure bleue, quand le ciel et la terre s'unissent en fondant leurs couleurs et qu'il ne reste du soleil qu'un reflet sur les ondes. Le village de Mesnil-Saint-Père a préservé son histoire, fier de ses maisons de caractère. La brique, production artisanale du terroir, rayonne en animant les façades. 

Nous suivons la nationale pour atteindre Lusigny-sur-Barse où une autre plage nous accueille. Plus intime mais tout aussi plaisante. L'eau, bordée de roseaux, est douce, le sable est chaud, les arbres murmurent...Quelques presqu'îles, des anses où s'abreuvent les saules, des canards, des poules d'eau, des mares habitées de grenouilles, des barques de pêcheurs, tout respire la quiétude dans une nature généreuse. 

Une autre promenade nous conduit sur le chemin du plus grand des réservoirs. Après avoir traversé quelques charmantes communes aux églises atypiques, s'étire le Lac du Temple, réservé à la pêche. 

Le Lac du Temple

Là, c'est le calme assuré avec, pour seul bruit de fond, le concert des oiseaux et celui des rames effleurant les ondes. Mais ce nom, Lac du Temple, n'a rien à voir avec la sérénité qu'il dégage ; Il vient des Templiers. Ils ont laissé leurs traces un peu partout dans l'Aube et notamment ici, dans la forêt du même nom et la forêt d'Orient. Car, tout près de Troyes, on le dit, Hugues de Payns, originaire du village qui lui a donné son nom, a fondé l'ordre du Temple. Sujet inépuisable cher aux historiens d'ici ou d'ailleurs, qui fouillent terres et bois sur les traces des loges et commanderies templières, ou en quête peut-être du fameux trésor. Les étangs de Pourceaux d'ailleurs alimentent une jolie légende. «Si un jour un pêcheur attrape une carpe avec un Louis d'or dans l'ouïe, c'est que le trésor est dessous». À bon entendeur....

Le lac du Temple communique avec le lac d'Amance qui, comme le précédent, est un réservoir de la rivière Aube. Et là, c'est encore autre chose. Certes, sa plage fait le bonheur des petits et des grands, mais, ici, pas de voiles au vent. 

C'est le domaine des moteurs. Bateaux et jet-skis font du bruit et des remous, procurant des sensations à ceux qui les pratiquent. Griserie et liberté....Voilà pour les grands lacs. 

À l'écoute des oiseaux

Reste cette forêt qui les entoure. Comme les lacs et une soixantaine de villages, dont Brienne-le-Château (au nord du lac d'Amance) où l'âme de Napoléon Bonaparte, qui y fit ses classes, plane encore, elle fait partie du parc naturel régional de la forêt d'Orient dont la mission est de protéger l'environnement, et de mettre en valeur le patrimoine. Elle est aussi mystérieuse qu'accueillante cette forêt. 

Une odeur d'essences mélangées caresse les narines. On respire à pleins poumons cette nature apaisante, fourmillant de vie invisible. Pourtant, des pas de rapprochent...c'est l'homme de la forêt. Stéphane, celui qui écoute les oiseaux. C'est son métier. Il recense les espèces et son oreille initiée sait reconnaître le moindre chant parmi la cacophonie matinale. Les notes, les ritournelles, les cris d'alarme, les mélodies de la séduction...Rien ne lui échappe. Ni cet étourneau imitant le chant d'une mésange, ni le geai farceur - cousin du mainate - qui simule des bruits humains...Escale migratoire, le parc accueille aussi de nombreuses espèces pour l'hivernage, dont la grue cendrée et, plus rare, l'élégante et farouche cigogne noire. 

Champagne ! 

Nous laissons pour un temps ce territoire dont la magie opère entre lacs et forêts. Champs et vergers. Prés et marécages. Nous roulons en direction d'Amance, le village aux célèbres poteries, pour rejoindre, après deux kilomètres de forêts puis de prés, les premiers coteaux où rampent les vignes offertes au soleil.

De Bar-sur-Aube aux Riceys, s'étend la côte des Bar, lieu de production du fameux breuvage des rois. Ici, tout est prétexte à faire sauter le bouchon ! et par cette chaleur, quoi de meilleur qu'une coupe bien fraîche de laquelle s'échappent des bulles fines et légères ? Une coupe bordée de buée, remplie d'un breuvage doré, si prometteuse qu'on en ressent du plaisir rien qu'à la tenir....

Troyes, ville romantique ...

Si de l'âge d'or du textile il ne reste que les cheminées, Troyes, à une demi-heure du lac d'Orient, a préservé son patrimoine. Son centre a gardé son âme. La cité se révèle en petites places, tourelles, hôtels particuliers et élégantes maisons à colombages. Neuf églises se partagent une belle collection de vitraux et des sculptures qui font briller le «beau XVIème siècle». La ville a gardé sa poésie dans un cœur en forme de bouchon de champagne. Un autre cœur immense sculpté d'inox, clignote désormais la nuit sur les quais, pour rappeler que Troyes est, aussi, la ville des amoureux. 

Nous visitons Bar-sur-Seine, Essoyes ou Renoir a laissé son empreinte. Mussy-sur-Seine et les Riceys, célèbre pour son rosé, le vin préféré de Louis XIV. La balade se termine. Déjà ? j'aurais pu vous parler d'Héloïse et Abélard, de Bernard de Clairvaux et de son abbaye, de Camille Claudel et du musée qui porte son nom à Nogent-sur-Seine, et bien d'autres choses. Car, si l'été nous a conduits près de l'eau, l'Aube, c'est aussi le charme du Chaourçois, la forêt d'Othe et ses mystères, et encore quelques jolies surprises de-ci, de-là...

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