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Marguerite de France, l'amoureuse éternelle.

Marguerite de France est entrée dans la légende par les écrits d'Alexandre Dumas. Mais sa légende noire est assez éloignée de la réalité. Dans les faits, c'est une femme de tête, qui a bravé les dangers des guerres de religion. Jamais elle ne s'est sentie inférieure à ses frères et n'est pas plus heureuse lorsqu'elle peut enfin participer aux affaires du royaume. Elle est à la fois belle, intelligente, énergique comme sa mère et sait briller en société. 

Marguerite de France naît le 14 mai 1553. Elle est la septième enfant d'Henri II et de Catherine de Médicis. Catholique, elle perd son père à l'âge de 6 ans, en 1559. Elle a pour amie Marie Stuart, élevée avec elle ainsi qu'avec ses frères et sœurs. Mais l'année de la mort de son père, ses deux sœurs partent à l'étranger se marier, l'une avec Philippe II d'Espagne, l'autre avec Charles III de Lorraine. Il ne reste avec elle qu'Alexandre, futur Henri III, et Hercule, renommé plus tard François, duc d'Alençon. 

Sous Charles IX, elle vit à la cour de France avec le jeune Henri de Navarre et accompagne le roi lors de son tour de France de 1564 à 1566. C'est durant ce tour de France qu'elle reçoit son surnom  de «Margot», car elle joue dans une pièce de théâtre avec ses frères un personnage s'appelant ainsi. Belle brune, elle reçoit une éducation très soignée, et est très tôt attirée par les lettres. 

Elle s'entend très bien avec ses frères, au point qu'à l'âge de quinze ans, elle est nommée par Charles IX pour défendre ses intérêts auprès de leur mère alors qu'il se trouve à la guerre. Elle remplit parfaitement son rôle. Dans le même temps, Marguerite tombe amoureuse du beau et blond duc de Guise, chef du parti catholique. Leur intransigeance, leur haine des protestants et leur désir d'une monarchie sous contrôle des Grands rendent impossible l'idée d'une quelconque union. Cela provoque un refroidissement de ses relations avec Henri et Catherine. L'époque multiplie les rumeurs évoquant des relations incestueuses avec ses frères, sa [fausse] nymphomanie ou encore ses nombreux amants. 

Les négociations pour le mariage de Marguerite et de Henri de Navarre débutent à la fin de l'année 1560 afin de sceller la réconciliation à la fin de la troisième guerre de religion ; Jeanne d'Albret doit céder devant l'entêtement de la princesse à désirer conserver sa religion catholique.  À sa mort, son fils épouse Marguerite le 18 août 1572.

Le futur roi Henri IV, épouse Marguerite de Valois, la reine Margot, à la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Suivra la malheureuse Saint-Barthélemy. Catherine propose alors à Marguerite de la démarier, mais la princesse refuse. 

À la suite de ces événements, Marguerite est tenue en suspicion par son mari et la couronne. En 1574, la conjuration des Malcontents, alliée aux protestants, désire prendre le pouvoir. Marguerite avertit son frère Charles IX, mourant, mais finalement change de camp, car, s'étant toujours bien entendue avec François d'Alençon, elle espère que son accession au pouvoir lui permettra de retrouver la confiance des deux camps. La conjuration est déjouée, et les chefs du complot son décapités, dont Joseph Boniface de La Môle, prétendu amant de la princesse. Henri III monte sur le trône et ne pardonne pas sa trahison à sa sœur.

Dans son couple, Marguerite est malheureuse. Elle n'arrive pas à être enceinte, même si son mari remplit assidûment son rôle. Il la trompe ouvertement avec Charlotte de Sauve, qui elle-même le trompe avec François d'Alençon ; cela provoque une brouille entre les deux hommes, en liberté surveillée à la cour, alors qu'au même moment Marguerite tente de les allier. Henri ne se rapproche de sa femme que lorsque cela sert ses intérêts ; cette dernière prend donc pour amant Bussy d'Amboise. 

Alençon et Navarre réussissent finalement à s'enfuir du Louvre, et Marguerite, considérée comme leur complice, est emprisonnée dans sa chambre. C'est Alençon qui œuvre pour sa libération : allié aux protestants et ayant pris les armes, il refuse tout pourparler de paix tant que sa sœur n'est pas libérée. Cela lui est accordé et la paix et signée. 

En 1577, Marguerite part soutenir François d'Alençon dans ses prétentions au trône des Pays-Bas, avec l'aval du roi de France. Elle noue des relations intéressantes et utiles pour son frère, mais ce dernier ne parvient pas à en tirer parti. Elle retourne donc à la cour. Entre-temps, la guerre civile a repris et, au Louvre, des combats ont lieu entre les mignons du roi et les partisans d'Alençon, dont Bussy d'Amboise, que Marguerite aime toujours profondément. 

La cour de Nérac

Un an plus tard, dans l'espoir de calmer la situation, François d'Alençon demande à s'absenter, mais Henri III y voit la preuve se sa participation à un complot. Il le fait arrêter et enfermer, et Bussy d'Amboise est embastillé. Cette fois, Marguerite aide son petit frère à s'échapper en lui lançant une corde à la fenêtre de sa chambre. Elle finit par être autorisée à rejoindre son mari à Nérac, qui la réclame. Catherine espère qu'ils concevront bientôt un héritier, et que sa fille arrivera à ramener l'ordre dans les provinces du Sud-Ouest où les troubles se multiplient. 

Henri de Navarre

À la cour de Nérac, les amours s'enchaînent : Henri de Navarre séduit toutes les suivantes de sa femme tandis qu'elle a une aventure avec le vicomte de Turenne. 

En 1579 a lieu la septième guerre de religion, et c'est Marguerite qui y met fin en appelant Alençon à l'arbitrage. C'est également durant ce conflit que Marguerite s'éprend profondément de Jacques de Harlay de Champvallon, grand écuyer de son frère, un blond solaire qu'elle surnomme son «soleil». Elle lui adresse de nombreuses lettres qui illustrent sa conception de l'amour, plutôt basé sur l'union des esprits plus que des corps afin d'aboutir à la fusion des âmes. 

Après le départ d'Alençon, les rapports entre Margot et Henri se détériorent à cause de la nouvelle maîtresse de celui-ci, Françoise de Montmorency-Fosseux, qui monte le roi contre la reine. En 1582, Marguerite est rappelée à Paris par son frère et sa mère, qui espèrent attirer Henri de Navarre à la cour ; elle y est accusée d'être enceinte de Champvallon - alors qu'elle est stérile - et encourage Alençon dans son expédition aux Pays-Bas contre l'avis du roi qui ne veut pas d'un conflit avec l'Espagne. Un an plus tard, son frère la chasse de la cour en la traitant de prostituée et il faut qu'il intercède en sa faveur pour qu'Henri de Navarre la reprenne comme épouse. Il a une nouvelle maîtresse : Corisande. 

En Juin 1584, François d'Alençon meurt, ce qui attriste énormément Marguerite. Rejetée par son mari et sa famille, elle finit par rejoindre la ligue. Elle prend même possession d'Agen avant de s'en faire chasser par les troupes royales. Elle s'installe au château de Carlat, qui est sa propriété, avec son nouvel amant, Gabriel d'Aubiac, et y reste un an. Puis, fuyant toujours les troupes du roi, elle part au château d'Ibois ; elle y est encerclée et son amant est pendu. Henri III décide de l'assigner à résidence au château d'Usson.

En achetant le gardien, elle prend le commandement de la forteresse et passe ses journées à lire, à écrire et à recevoir des écrivains.

Le 1er août 1589, Henri III meurt et Henri de Navarre monte sur le trône. Il a besoin de son épouse afin d'annuler leur mariage et donc se rapproche d'elle. Tous deux finissent par divorcer et Henri IV la rappelle à Paris le temps que dure un litige l'opposant au comte d'Auvergne.

L’hôtel de Sens à Paris fut habité par Marguerite de Valois

Elle s'attache alors amicalement à Marie de Médicis et fait de son hôtel un haut lieu de la vie parisienne, intellectuelle, politique et aristocratique grâce à son amour des lettres, les réceptions qu'elle donne et parce qu'elle sait s'entourer de grands poètes et philosophes. 

Marguerite finit par gagner son procès. Elle y gagne également sa liberté, s'entoure de nombreux jeunes favoris et perpétue le souvenir du prestige et du lustre de la cour des Valois sans que personne ne trouve plus rien à lui redire...

Elle décède en 1615. 

En 1994, le cinéaste Patrice Chéreau réalise une adaptation de l'ouvrage d'Alexandre Dumas, avec Isabelle Adjani dans le rôle de la Reine margot. Récompensé du prix du jury au festival de Cannes et de cinq César en 1995, le film rencontre un véritable succès critique et populaire. 

 

Un livre ► Marguerite de Valois : La «reine Margot»

Viennot Eliane, collection «Tempus», éditions Perrin, 2005. 

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