14 Janvier 2022
La découverte de la Savoie commence par le lac du Bourget, dont les eaux s'emboitent entre le Mont du Chat et celui de Chambotte. Tout autour, et en toute saison, la nature joue avec les couleurs grâce aux nombreuses variété d'arbres fruitiers, à la vigne et aux fleurs qui poussent à l'état sauvage. Gravir les sentiers jusqu'à la chapelle Notre-Dame-de-l'Étoile permet de mesurer la beauté du site. Mais la beauté seule ne nourrit pas son homme ! Et le lac du Bourget, le plus vaste et le plus profond de France, offre une grande variétés de poissons succulents : lavarets, truites, ombles chevaliers, pour ne citer que ceux-là. Arrosés d'un verre de roussette de Savoie, un blanc tout en finesses, ils sont servis sur toutes les bonnes tables de la région.
Autre pôle bien connu sur les rives du lac : Aix-Les-Bains, dont les eaux chaudes bénéfiques pour les rhumatismes, attirait déjà les Romains. Les thermes classés aux monuments historiques en 2016 sont les témoins du thermalisme et ce depuis l'antiquité jusqu'au 20e siècle. On accède au 1er étage du bâtiment pour découvrir les vestiges romains et observer ensuite le centre thermal classique et son histoire et enfin on admire les magnifiques thermes modernes dans un style Art Déco.
Au sein d'une majestueuse villa 1900, le charmant musée Faure abrite des trésors : statues de Rodin et de Camille Claudel, tableaux d'impressionnistes.
Et que vous soyez adepte des jeux de hasard ou pas, la visite du magnifique casino s'impose. Situé dans le Palais de Savoie il est classé monument historique. Inauguré en 1849, le casino a été plusieurs fois agrandi, la configuration des lieux a donc beaucoup évoluée ainsi que les décors, mais certains d'entre eux subsistent, comme la mosaïque du hall nord, encastrée dans un plafond de cinq coupoles et composée de 3.5 millions de petits cubes de verres sertis sur fond d'or. Au centre se trouve le nom d'Aix les Bains porté par deux génies ailés. Tout autour, figurent les signes du Zodiaque, et aux quatre angles, des figures allégoriques représentant les quatre saisons. Inauguré en 1906, c'est l'endroit le plus remarquable du casino. On y accède par une magnifique galerie dont les verrières sont plus récentes.
Du Port-de-Chatillon, le grand port d'Aix, on prend le bateau pour gagner Hautecombe, traversée qui nous permet de goûter aux charmes du lac du Bourget, rendu célèbre par Lamartine. l'abbaye de Hautecombe est datée du XIIe siècle, son architecture gothique surplombe le lac avec majesté.
L'isolement du site a été choisi par les moines cisterciens au 12e siècle pour fonder leur monastère. Une première princesse de Savoie est inhumée dans le cloître en 1162. A sa suite, de nombreux comtes et ducs de Savoie y sont enterrés, ces derniers entretenant des liens privilégiés avec les moines d'Hautecombe. L'abbaye devient une nécropole princière. Lors de la Révolution française, les tombeaux des princes de Savoie et des familles nobles sont pillés, les décors gothiques détruits. L'abbaye ouverte aux quatre vents, tombe en ruine. Elle est transformée en faïencerie. En 1824, le roi de Sardaigne Charles-Félix décide de sa renaissance : il rachète l'abbaye et commande sa restauration dans le style de l'époque, le gothique troubadour. L'église abbatiale se couvre de sculptures, stucs et décors peints et redevient la nécropole de la Maison de Savoie ! A leurs morts, le roi Charles-Félix et sa femme Marie-Christine sont inhumés dans l'église, tout comme le dernier roi d'Italie Humbert II en 1983 et son épouse la reine Marie-José en 2001.
Après les moines cisterciens puis bénédictins, c'est aujourd'hui la Communauté du Chemin Neuf qui vit au quotidien dans les lieux et assure des missions d'accueil et de prière. Elle veille à l'entretien et à la restauration du monument avec les pouvoirs publics et ouvre l'église aux nombreux visiteurs. L'abbaye, classée Monument historique depuis 1875 est aujourd'hui la propriété de la Fondation d'Hautecombe. La visite permet d'admirer des oeuvres remarquables, des fresques, des sculptures de marbre, et des décorations à vous laisser pantois.
Après cette étape, nous faisons un détour par le parc naturel régional du massif des Bauges, dont les versants sont couverts de chênes, genévriers, épicéas et sapins. C'est le paradis des randonneurs, été comme hiver, à pied ou à raquettes. Après un parcours sportif, nous nous offrons un moment de détente en savourant un bon fromage du pays, le vacherin des Bauges. Étalé en couche épaisse sur une tranche de pain de campagne légèrement grillée, ou tout simplement à la cuillère, c'est un vrai délice ! C'est un fromage au lait de vache avec une pâte semi-coulante et crémeuse. L'ensemble est cerclé d'une écorce d'épicéa, de cerisier ou d'érable. Autre spécialité de la région : la tome des Bauges, fromage à pâte douce et au goût fruité. Il y a aussi le célèbre reblochon et son cousin germain, le tamié, et enfin, le chevrotin, au goût unique.
Les adeptes du sucré succomberont aux tartes aux fruits, notamment celle aux myrtilles ...La myrtille aussi grosse qu'un pois, couleur bleue plus ou moins violacée, se cueille au mois de juillet et se met en conserve ou en confiture pour être consommée toute l'année.
Outre les fruits et le fromage, les Bauges produisent d'excellents vins de Savoie d'origine contrôlée : des blancs comme le chignin, le bergeron, le chardonnay ou la roussette, et des vins rouges comme la mondeuse, le pinot ou encore le gamay.
En prenant la route vers le sud, l'horizon s'élargit et la lumière devient plus intense. Ville de transit et plaque tournante, Chambéry a gardé de son passé prestigieux une fierté certaine. Le château est austère mais sa fontaine des Éléphants (celle des «Quatre sans cul», comme l'appellent les Chambériens) bien pittoresque.
Et comment ne pas résister à se faire peur dans les allées chambériennes ? Véritables labyrinthe, c'est un entrelac de ruelles étroites où les maisons s'arc-boutent les unes aux autres. Prenez garde, car sans GPS, on peut s'y égarer facilement!
Peut-être qu'une légère odeur de chocolat sera votre fil d'Ariane ? Bien que fabriquée un peu partout en France au moment de Noël, la truffe en chocolat est une spécialité de Chambéry. Il y a plus d'un siècle, Louis Dufour eut l'idée de mélanger du chocolat noir à de la crème fraîche et à une pointe de vanille. Afin de rendre la dégustation plus facile, il modela des petites boules enrobées de cacao : c'est tout simple, mais il fallait y penser !
Avant de s'aventurer dans les gorges profondes et les falaises escarpées du parc naturel régional de Chartreuse, un petit tour par le lac d'Aiguebelette est fort agréable ; abrité des vents par la chaîne de l'Épine, ses eaux calmes et poissonneuses sont appréciées des pêcheurs comme des sportifs.
Après un repas dans une auberge typique, on ne pourra résister à déguster un «petit» verre de Chartreuse, liqueur composée de plus de cent trente plantes, dont le petit oeillet rouge ou le bourgeon de sapin. Verte ou jaune ? À chacun de choisir selon son humeur ! Autrefois, la Chartreuse verte était administrée à des fins thérapeutiques, tandis que la jaune était servie en fin de repas. Cet élixir végétal sirupeux titre 71° ! Les raisonnables se contentent d'un verre d'Antésite, boisson rafraîchissante à base de réglisse.
Quand l'homme et la nature s'accordent pour le meilleur, le résultat est formidable et La Combe de Savoie en est un des plus beaux exemples.
On peut s'apercevoir que la vigne suit les contours du reliefs et forme un bal arc de cercle depuis le lac Léman, situé en Haute-Savoie, jusqu'à Combe-de-Savoie, autour de Chambéry et de Montmélian. C'est là que les vins de Savoie les plus réputés sont récoltés.
En Maurienne, c'est la nature à elle seule qui a dessiné dans la montagne un sillon vertigineux, en forme de demi-cercle : elle fait ainsi de la Maurienne une voie de communication naturelle vers l'Italie. Certains bourgs, rappellent avec leurs maisons cossues, qu'autrefois le commerce y était florissant.
Ce sont les amateurs de sports d'hiver qui redonnent maintenant une activité à toute cette région. La Savoie est devenue le paradis des amateurs de glisse en tous genres. Et quand on voit les petits Savoyards se tenir plus à l'aise sur leurs skis que sur leurs pieds, on a du mal à imaginer que le ski y était méconnu il y a à peine une centaine d'années. Heureusement, certains villages, savent conserver le charme authentique des villages de montagne, malgré l'affluence des vacanciers en toute saison. La plus beau site de la Maurienne est sans nul doute le village d'Aussois ; été comme hiver, il attire les amoureux d'une nature sauvage et préservée.
Enfin, étape par étape, on s'achemine vers le «jardin alpin» : la région du col du Mont-Cenis. Faune et flore s'y disputent les plus belles couleurs avec plus de 250 espèces de fleurs et de plantes de l'étage alpin de montagne. «L'hermine», fauve l'été, devient d'un blanc immaculé l'hiver, excepté quelques poils noirs à l'extrémité de la queue ; quant au «lièvre variable», il est bien difficile à observer : en hiver, sa robe est aussi blanche que la neige et vire au gris-brun en été....de quoi brouiller la vue de prédateurs, comme l'aigle royal.
Le Mont-Cenis, petit col de Maurienne (2083 m d'altitude) mais au combien magnifique et stratégique autrefois !
Il y a quelques décennies, les habitants de la Maurienne conduisaient les voyageurs jusqu'en Italie, les initiant aux techniques de la «ramasse», ancêtre de la luge. La route fut construite par Napoléon en 1802 reliant Lanslebourg-Mont-Cenis en France à Suse en Italie, elle marquait la frontière entre les deux pays jusqu'en 1947, date du Traité de Paris. Elle est désormais intégralement en France. Avec la construction du barrage hydroélectrique du Mont-Cenis, inauguré en 1970, le site laisse place à un magnifique lac à la couleur azur, dominé par des sommets majestueux, de vastes alpages et quelques fortifications comme en témoigne le Fort de Ronce.
On ne se baigne pas dans le lac, mais il est le but d'une magnifique et exigeante randonnée, qui comprend également ses rives.