17 Juillet 2021
Tout proche de la Suisse et de l'Autriche, le Sud-Tyrolien déroule des paysages à couper le souffle. De quoi recharger ses batteries entre lacs d'altitude et alpages.
Atterrissage à Venise et cap en voiture (2h30 de route) sur les Dolomites...Nous aurions pu passer par Innsbruck, en Autriche, à peine plus loin (2h50), mais nous aurions manqué la vallée de la Rienza (Rienz), qui déploie son tapis vert côtelé sur une trentaine de kilomètres.
Nous voilà au Sud-Tyrol, dans ce coin des Alpes encore méconnu des Français, dénommé Trentin-Haut-Adige. Ici, la montagne est aussi belle que du côté Autrichien, mais on parle avec les mains, on cuisine à l'huile d'olive et les noms des villages se déclinent en deux langues : Brunico (Bruneck), Dobbiaco (Toblach), San Candido (Innichen)...Depuis la fin de la Première Guerre Mondiale, cette région des Alpes est officiellement Italienne.
Comme dans un dessin d'enfant, des hameaux perdus se nichent sur les flancs verdoyants parcourus de petites routes en lacets. Des clochers émergent des prairies en fleurs, et les sommets des montagnes se mirent dans le miroir des lacs.
Avant de partir, nous avons réservé nos escales à la ferme sur le site d'agritourisme Gallo Rosso, sur les hauteurs de Villabassa (Niederdorf).
Dans ce chalet rustique aux murs lambrissés de pin et aux grandes baies vitrées, on se régale le matin du fameux speck fumé aux herbes, de fromage blanc aux fruits rouges, d'oeufs, de beurre et de yaourts maison...aux premières loges pour piquer une tête dans l'étang. Et l'on est à deux pas de la cité médiévale de Brunico, aux ruelles brodées de demeures pastel.
À 25 km, au village de Riva di Tures (Rein in Taufers), démarre le superbe sentier de Valle Aurina (Ahrntal). Grasses prairies, vaches aux cloches tintantes, grands sapins verts, tapis de rhododendrons...le chemin musarde le long d'un frais torrent. Une bonne heure de marche et l'on arrive au chalet d'alpage Knuttenalm. Il n'y a plus qu'à se poser sur la terrasse au soleil pour savourer un spritz des alpages (prosecco et jus d'airelles) avec des boulettes au speck ou une crêpe brisée saupoudrée de sucre et nappée de confiture d'airelles.
Autre balade depuis Dobbiaco : filer à pied jusqu'à la jolie église baroque de Santa Maria pour suivre le chemin de croix dans la forêt jusqu'à la chapelle voisine. Mais nous choisissons Valdaora (Olang) pour sauter dans le téléphérique vers Plan de Corones (Kronplatz).
Du plateau ou du refuge Pion di Cengia, on admire les parois lisses et les à-pics des Tre Cime...Un vertige que l'on retrouve au Lumen, un musée imaginé par un alpiniste italien de légende, Reinhold Messner, le premier à avoir réalisé l'ascension de l'Everest sans apport d'oxygène en 1978.
Sur ce plateau perché à 2.275 mètres, la vue est époustouflante et, en prime, on découvre le Lumen, un musée consacré à la photographie de montagne. Posé sur pilotis, ce bâtiment spectaculaire de verre et de béton possède un oeil géant percé dans la façade qui s'ouvre et se ferme comme un diaphragme d'appareil photo.
Mais l'incontournable de la région, c'est le parc naturel des Drei Zinnen (en autrichien).
Ces trois cimes emblématiques se découvrent à l'aube au départ du parking du refuge d'Auronzo. Et de là, quelle vue s'il vous plait ! Un panorama incroyable sur le Tre Cime !
Là commence le sentier en boucle des trois refuges, Antonio-Locatelli, Pian di Cengia et Lavaredo : six heures de marche (672 mètres de dénivelé) à aborder en solo ou avec un guide. Le programme : admirer les Tre Cimes côté pile puis côté face, lacs, marmottes, alpages, et voir se lever la brume qui enveloppe de mystère le cirque minéral. «Durant la grande Guerre, ces crêtes formaient la ligne de front entre l'Autriche et l'Italie. Elles ont été le théâtre de combats acharnés», nous explique notre guide. Grüss Gott ! Buona Giornata ! C'est dans les deux langues que les randonneurs matinaux se saluent sur les chemins pentus des Dolomites...qui doivent leur nom au naturaliste français Déodat Gratet de Dolomieu ( 1750-1801), le premier à avoir étudié ce massif corallien sorti du fond des mers il y a vingt millions d'années. Deux heures plus tard, le soleil illumine les Tre Cime : au centre du groupe s'élève la Cima Grande (Grosse Zinne), à 2.973 m, épaulée par la Cima Ovest (Westlichen Zinne), à 2.973 mètres, et la Cima Piccola (Kleinen Zinne) à 2.857 mètres. Fichés sur leur socle de pierre, tels des menhirs sculptés par des géants, les trois monolithes s'élancent vers le ciel devenu bleu. Cet endroit classé au Patrimoine mondial de l'Unesco est une merveille de la nature !
Au village de Villabassa (Niederhof), on s'offre une cure «Alpine Détox» ; un bain de forêt dans la cathédrale de mélèzes et un parcours thermal sur les bords de la rivière Rienza, avec marche dans l'eau froide et sur tapis de sable, de tourbe, de copeaux de bois ou de galets. Ça picote sacrément, mais l'exercice est réputé souverain pour éliminer les toxines, détendre les muscles, et les nôtres en avaient bien besoin.
Une autre grande curiosité de la région se trouve aussi dans l'assiette. La cucina italiana, ce n'est pas que la mozza, la pasta et la pizza. Les influences à la fois Autrichiennes et italiennes sont parfaitement incarnées dans la cuisine de la région qui compte quelques spécialités locales, dont les Knödel ; des quenelles de pain aux différentes saveurs, des Schlutzkrapfen ; raviolis fourrés aux épinards ou encore des beignets appelés Tirtlan, et des casunziei ; pâtes farcies de betterave rouge, les pizzas au speck et une grande variété de polenta, dont la polenta noire à base de sarrazin.
Des agriculteurs élèvent encore des animaux pour la viande, les oeufs, le lait, le beurre et le fromage. Ces produits de qualité figurent sur les tables des gîtes ruraux et des refuges de montagne, ainsi que des tables d'hôtes et de certains hôtels, pour le bonheur des clients qui aiment manger des produits authentiques et locaux.