13 Juillet 2021
C'est dans la capitale normande que l'écrivain a vu le jour le 12 décembre 1821. S'il n'a pas toujours dit que du bien de sa ville natale, elle fut néanmoins pour lui une immense source d'inspiration. A l'occasion du bicentenaire de sa naissance, une promenade s'impose.
Gustave Flaubert est le fils du chirurgien en chef de l'Hôtel-Dieu de Rouen. C'est au sein de cet hôpital, dans le logement réservé à sa famille, qu'il naît et qu'il grandit avec son frère Achille et sa soeur Caroline. Les lieux hébergent aujourd'hui, outre l'Hôtel de préfecture, un espace culturel à la vocation à la fois littéraire et scientifique : le musée Flaubert et d'histoire de la médecine. On y découvre la chambre natale de l'homme de lettres, qui abrite des portraits de famille ainsi que des souvenirs de jeunesse. La pièce a été réhabilitée en 1923, après avoir servi de laboratoire aux étudiants. Les boiseries et les papiers peints sont d'origine. Au coeur du jardin, on admire le magnifique monument à Gustave Flaubert, un haut-relief d'Henri Chapu datant de 1890. On complète la visite avec la partie consacrée à la médecine, où se trouvent des objets étonnants, comme un lit de malade à six places ou un perchoir à sangsues, et de remarquables reconstitutions.
Pour poursuivre ce parcours sur les traces de Flaubert, direction la cathédrale !
Ici, on se trouve en immersion au coeur de l'oeuvre de l'écrivain, ou du moins de ses influences. Ce majestueux édifice, dont la construction a débuté au XIIIe siècle, est typique du style gothique normand.
On peut y admirer sur le portail Saint-Jean un bas relief du XIIe siècle représentant notamment la danse de Salomé, qui inspirera la description qu'en fera Flaubert dans Hérodias. Dans le déambulatoire, c'est un vitrail retraçant la vie de Saint-Julien l'hospitalier qui retiendra l'attention de l'écrivain pour sa légende de Saint-Julien l'Hospitalier. Enfin, cette cathédrale est présente dans le roman le plus célèbre de Flaubert : C'est ici qu'Emma Bovary a rendez-vous avec son amant Léon et le texte nous invite au fil des pages à arpenter tous les recoins de Notre-Dame.
Depuis le début de sa construction, cette cathédrale résiste vaillamment à l'épreuve du temps. Elle s'est notamment vue amputée de son emblématique flèche à deux reprises. Détruite par le feu puis par la foudre, celle-ci fut reconstruite fidèlement selon les plans de l'architecte Jean-Antoine Alavoine à la fin du XIXe siècle - déchainant alors les passions d'écrivains tels que Flaubert et Maupassant. On parle d'une Cathédrale qui en impose, que ce soit par son style mais aussi par sa taille. Cette dernière a d'ailleurs été le plus haut édifice au monde entre 1876 et 1880. Ce que j'aime particulièrement dans la Cathédrale de Rouen, c'est son intérieur. Il est majestueux, grandiose, et le calme qui y règne ne fait que renforcer la beauté du lieu. Et avec des mesures de 137 mètres de long, c'est très impressionnant. Obligatoirement, donc, entrez dans la cathédrale le jour où vous visiterez Rouen.
Monument incontournable de la cité rouennaise, le Gros Horloge, est l'un des symboles du raffinement de la Renaissance. Ce surprenant ensemble architectural est constitué d'un beffroi gothique abritant les cloches de la ville et le mécanisme de l'horloge., d'une arcade et d'un double cadran Renaissance aux nombreuses références mythologiques, ainsi que d'une fontaine du XVIIIe siècle. Classé monument Historique, il abrite aujourd'hui un musée dédié au temps qui dévoile le savoir-faire des Gouverneurs, en charge de l'entretien du mécanisme, ainsi que d'une vue remarquable au sommet du beffroi.
Une balade s'impose dans les nombreuses rues préservée de la capitale de Normandie qui ne possède pas moins de 2000 maisons à colombages au fil des artères piétonnes du centre-ville. L'un des endroits les plus prisés est sans doute le quartier Saint-Maclou, dit aussi quartier des Antiquaires, situé derrière la cathédrale. Ce petit coin, prisé des chineurs et des promeneurs adeptes du lèche-vitrine, cache d'incroyables trésors tels que l'église Saint-Maclou, chef d'oeuvre d'art gothique flamboyant, et l'étonnant ancien ossuaire devenu École des Beaux-Arts jusqu'en 2014.
Séparant la ville en deux, la Seine est un élément capital au coeur de la cité normande maintes fois représentée par les peintres impressionnistes au XIXe siècle.
Aujourd'hui, les quais aménagés permettent aux Rouennais de s'offrir une échappée belle lords de balades en famille ou d'activités de loisirs. La Seine est également une destination privilégiée pour les bateaux de croisières fluviales et maritimes qui attirent les touristes du monde entier, et le lieu de rendez-vous des plus grands voiliers du monde avec L'Armada de la liberté.
C'est à Croisset, en toute proche banlieue de Rouen, que la famille Flaubert s'installe en 1844, dans une maison du bord de Seine.
Il s'agit d'un lieu unique pour Gustave, qui écrit ici la majeure partie de son oeuvre et qui la soumet à l'épreuve du «gueuloir». Acharné, soigneux jusqu'à l'obsession, Gustave Flaubert travaillait et retravaillait ses textes, toute la nuit si c'était nécessaire, raturait à l'infini ses pages manuscrites, tant qu'il n'était pas satisfait de la moindre virgule. L'épreuve ultime pour s'assurer de la qualité de chaque phrase, c'était la lecture à voix haute. Flaubert appelait cela le «gueuloir». Seul dans la nuit, après des heures et des heures de travail minutieux, il déclamait son texte, le vociférait si nécessaire, afin d'en faire ressortir la moindre scorie, le moindre détail inadéquat. Selon lui, un phrase mal écrite ne résiste pas à l'épreuve du «gueuloir». Elle gêne «les battements de coeur», dévoile toutes ses faiblesses, se révèle dépourvue de vie. Aussi, lorsqu'une phrase «gueulée» le dérangeait, Flaubert se remettait au travail, jusqu'à ce que l'aube vienne.
Mais il ne fait pas qu'écrire à Croisset, il reçoit également certains de ses illustres contemporains : Zola, Maupassant, ou encore les frères Goncourt. Aujourd'hui, de la propriété, seul le pavillon Flaubert subsiste. Il abrite des objets issus du cabinet d'écriture désormais disparu du romancier ainsi que diverses oeuvres personnelles.
Capitale de la Normandie, Rouen est une ville multi-facettes qui mêle avec élégance modernité et histoire. La ville au 100 clochers, qui fut le théâtre de la mort de Jeanne d'Arc au Moyen Âge ou qui inspirera les artistes du XIXe siècle, semble figée dans le temps tout en étant bien ancrée dans le présent.