26 Avril 2022
À partir de sa colonisation en 120 avant J-C, la cité est progressivement devenue la «Rome Gauloise». Inscrites dans le paysage depuis 2.500 ans, les pierres de Nîmes racontent un passé où la ville respirait au même rythme que celui impulsé par l'Empire Romain.
Au IIe siècle de notre ère, la ville de Nîmes est à son apogée. La belle Némausus, avec ses 25.000 habitants, est alors l'une des cités les plus vastes de Gaulle. Idéalement située sur la via Domitia, qui relie Rome à l'Espagne, elle a été fondée un siècle plus tôt par Auguste, le premier des empereurs romains, quand il ne s'appelait encore qu'Octave. Lui et ses successeurs l'ont par la suite couverte de monuments plus somptueux les uns que les autres, dont beaucoup sont encore visibles et figurent parmi les mieux conservés de l'Antiquité. Les arènes et la Maison Carrée ne sont que les plus illustres bijoux de ce glorieux passé. Partout dans la ville, entre deux rues au cœur des Jardins de la Fontaine, à tous les étages du musée de la Romanité, d'autres vestiges ne demandent qu'à être compris pour mieux révéler leur illustre origine. Les invasions successives survenues au IIIe siècle, l'arrivée et l'installation des Wisigoths au Ve siècle ont mis un terme à cette page glorieuse de l'histoire de Nîmes.
Construite entre la fin du 1er siècle avec J.-C. et le début du 1er après J.-C., son originalité tient autant à sa position dominante sur le forum qu'à la dédicace de son fronton : «A Caius Caesar, fils d'Auguste, consul et à Lucius Caesar, fils d'Auguste, consul désigné, Princes de la Jeunesse». Adoptés en 17 avant J.-C. par Auguste, ces deux jeunes gens étaient non seulement ses petits-fils - les fils de sa fille Julia et de son gendre Aggripa - mais aussi ses héritiers présomptifs et les «patrons» de la cité. Leur mort prématurée (en 2 après J.-C, pour Lucius, à 18 ans, et en 4 après J.-C, pour Caius, à 23 ans) poussa les élites nîmoises à transformer leur premier projet de forum pour y élever, en signe de loyauté, un temple dynastique. Il reste à ce jour le temple le mieux conservé du monde romain. De plan rectangulaire (31 mètres x 15 mètres), sa dénomination de «carrée» tient au fait qu'à l'époque, la figure géométrique du rectangle n'existant pas, on parlait d'un carré long.
Découverte en 2006-2007, lors de fouilles de sauvetage sur les allées Jean Jaurès, cette mosaïque rectangulaire de 35 m² , datée du IIe siècle, décorait le sol d'une «domus» (opulente maison urbaine). On peut voir dans le médaillon central un épisode mythologique rarement représenté : Penthée, roi de Thèbes, est mis à mort par sa mère Agavé pour s'être opposé au culte de Dionysos et en avoir épié les rites secrets. Une tresse à deux brins délimite tout autour d'autres médaillons aux formes et aux thèmes variés ; une bacchante dans chaque angle, seize compartiments en ellipse occupés par des oiseaux, quatre octogones décorés chacun par le buste d'une saison, des images du dieu Pan, du satyre Silène et deux masques de théâtre. Un vestige d'une qualité esthétique exceptionnelle à voir au musée de la Romanité.
Ce bassin circulaire (5.90 m de diamètre et 1.40 mètre de profondeur était le point d'arrivée du pont du Gard. L'aqueduc, construit au 1er siècle de notre ère, avait été spécialement conçu pour acheminer l'eau sur 50 km depuis la source d'Eure, près d'Uzès, jusqu'à Nîmes. Parvenue dans le castellum, celle-ci repartait par des canalisations en plomb alimenter les fontaines publiques et les différents quartiers de la cité. Avec celui de Pompéi, en Italie, il est le seul bassin de distribution d'eau romain conservé.
Situé dans les vastes Jardins de la Fontaine, il était certainement associé au culte impérial mis en place peu avant le début de notre ère autour de la source originelle de la ville et de sa fontaine. On ignore l'origine de son nom et sa fonction. De plan basical, pourvu de couloirs latéraux menant autrefois à un étage, de différentes voûtes de couvrement et de niches dans sa grande salle, ce bâtiment aurait pu aussi servir de bibliothèque. Il est le monument le plus énigmatique et le plus romantique de Nîmes.
Construites aux limites de la ville de l'époque, les arènes (ou amphithéâtre) ont accueilli dès la fin du 1er siècle de notre ère des chasses de bêtes sauvages et des combats de gladiateurs. Plus de 23.000 gallo-Romains pouvaient prendre place, selon leur rang social, sur les 34 gradins. Avec 133 mètres de long sur 101 mètres de large, pour 21 mètres de haut sur deux niveaux d'arcades superposées, elles restent les mieux conservées du monde romain, les seules à posséder l'intégralité du cheminement intérieur (escaliers, passages appelés vomitoires, galeries). Encore utilisées, elles proposent aujourd'hui des concerts, spectacles, manifestations sportives, et toujours des corridas ! Aimez-vous les spectacles où il y a du sang et de la violence ? Aimez-vous l'hystérie des foules en délire à la vue de la mise à mort d'un taureau ? Moi, non ! Je condamne cette pratique stupide et barbare, d'un autre temps !
Offerte par l'empereur Auguste en 16-15 avant J.-C. l'enceinte nîmoise était l'une des plus vastes de la Gaule Romaine.
Haute de 9 mètres, elle englobait 220 ha dans un périmètre de 7 km. Elle était rythmée par environ 80 tours, dont ne reste que la Tour Magne, et une dizaine de portes.
La porte Auguste est, avec celle de France, les seules encore visibles.
En 1535, les consuls nîmois demandent à François 1er, en visite officielle, l'autorisation de prendre le palmier et le crocodile comme armoiries de leur ville. Redessiné en 1986 par Philippe Starck, le logo, se retrouve partout, y compris sur les clous qui ornent les pavés du centre historique.
L'origine de cette iconographie remonte à une monnaie frappée à Nîmes vers 27 avant J.-C., par Octave sur la flotte d'Antoine et de Cléopâtre. On y voit, côté face, le portrait de l'empereur et, côté pile, un crocodile attaché à une palme surmontée d'une branche de laurier, symbolisant la victoire de l'Égypte, avec l'inscription «COL NEM» (colonia Nemausus).
Le pont du Gard se trouve à peu près à une vingtaine de kilomètres de Nîmes. C'est un lieu qu'il faut impérativement visiter. Doté d'une histoire de plus de quarante siècles, ce pont se caractérise par ses arches petites et grandes qui enjambent le Gardon, tandis que quelques restaurants aux saveurs méditerranéennes se trouvent non loin du site. Goûtez à la truffe, à l'olive et dégustez les vins du territoire ! C'est une multitude de saveurs qui vous attend.