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Dominos ...Les deux font la paire !

Dominos ...Les deux font la paire !
Photo de ryanquintal sur Unsplash

En nacre, en bois, en os, ces petits rectangles blancs et noirs, originaires de Chine, conquièrent la France au XVIIIe siècle. On y joue au café, chez les ouvriers ou dans les beaux quartiers. Aujourd'hui, ils font un malheur...Chez les Dominicains, ou les Cubains. 

C'est dans l'empire du Milieu qu'ils voient le jour, sans doute peu après l'an mil. Selon certains, leur génial inventeur ne serait autre que l'empereur Huizong, huitième souverain de la dynastie Song, peintre réputé, qui joua un rôle important dans le développement de l'art chinois au début du XIIe siècle. D'autres préfèrent y voir l'œuvre d'un chef de guerre qui aurait créé ce jeu pour tenir ses soldats éveillés durant leurs longues gardes de nuit. 

Contrairement au mah-jong, qui leur ressemble beaucoup, mais avec des règles plus complexes, les dominos réunissent deux à quatre personnes qui s'acharnent à les associer par paires. Ils vont franchir les frontières de la Chine pour conquérir le reste de l'Asie, puis l'Europe. En occident, c'est en Italie, vers 1760, qu'ils apparaissent pour la première fois. De là, ils arrivent rapidement en France, dont ils colonisent les salons et les cafés, séduisant aussi bien l'ouvrier que la marquise. Aussitôt s'impose leur nom français de «domino», qui est probablement un clin d'œil à la cape des dominicains, blanche tachetée de noir. 

Au XIX siècle, les dominos connaissent en France un véritable âge d'or. C'est l'époque où Guy de Maupassant et Alfred de Musset, qui s'y adonnent souvent au café Procope, succombent à cette occupation. Tout le monde ou presque en possède un jeu, dont la qualité varie selon les bourses : si les plus modestes possèdent des dominos de bois blanc, il en existe certains dont les pièces sont taillées dans la nacre. La boite coûte alors fort cher. Mais le matériau le plus couramment utilisé pour leur fabrication, et ce jusqu'à la Grande Guerre, est l'os animal. Une tradition instaurée par les marins qui, aux XVIIIe siècle, les découpaient dans des os de baleine pour occuper leurs longues traversées. 

Un siècle plus tard, on utilise plus prosaïquement des os de bœuf. Les tabletteries de la ville de Méru, dans l'Oise, qui produisaient jusqu'alors, pour l'essentiel, des boutons à destination de l'industrie textile, se font ainsi une spécialité de la taille de dominos dans des tibias de bœuf, préalablement bouillis avant d'être découpés en lamelles, puis blanchis dans un pré pendant une quinzaine de jours. 

Après la Grande Guerre, le plastique remplace l'os. Et peu à peu, le public Européen abandonne les dominos.

Musée de la nacre et de la tabletterie à Méru.

À Méru, dans l'Oise, l'idée d'un musée émerge dans les années 1970, au sein d'un petit groupe de passionnés d'histoire locale, décidés à ne pas laisser disparaître la tabletterie. Abrité dans une ancienne usine du XIXe siècle, le musée propose au visiteur de découvrir des ateliers en fonctionnement et de vivre la fabrication d'un bouton de nacre et d'un domino en os et bois d'ébène. Montages audiovisuels et dispositifs multimédia complètent agréablement cette visite. 

De nos jours, les dominos restent extrêmement populaires dans bien des régions du monde : en Chine naturellement, mais aussi à travers tout le continent américain, de la Terre de Feu jusqu'au pays des Inuits, même si les habitants des Caraïbes en sont sans doute les plus grands adeptes. À Cuba ou à Haïti, en Jamaïque ou à la Barbade, les tables des cafés sont bien souvent recouvertes de dominos. Mais jamais autant qu'en République dominicaine. C'est d'ailleurs un fait dont nous seuls, français, pouvons apprécier toute la saveur : les tournois internationaux de «dominos» sont souvent remportés par des ....Dominicains ! 

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