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Vichy, reine des stations thermales

fontaine et source des Célestins

fontaine et source des Célestins

Située dans le département de l'Allier, cette jolie ville est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2021. Réputée à travers l'Europe sous le second Empire et à la Belle Époque, elle a su conserver un patrimoine exceptionnel. 

Des eaux aux vertus médicinales
Madame de Sévigné

Parcourant les roches magnétiques des volcans d'Auvergne, les eaux de Vichy, très minéralisées, ont des vertus thérapeutiques bien connues depuis l'Antiquité. L'endroit figurait sur les cartes de l'Empire romain sous le nom aquis calidis (eaux chaudes). 

Au XVIIe siècle, le roi Louis XIII y fit construire un premier établissement thermal : La Maison du Roy. Madame de Sévigné, sa curiste la plus célèbre, évoqua ses séjours dans sa correspondance. Dans ses lettres à sa fille, Madame de Grignan, elle,  affirma avec enthousiasme : «Il est certain que les eaux ici sont miraculeuses. Elles rendent la peau douce et unie». 

Essor sous le second Empire 

Il faut attendre le XIX siècle pour que Vichy, sous l'impulsion de Napoléon III, devienne un véritable lieu à la mode. L'empereur souhaite en faire la première station thermale d'Europe, capable de rivaliser avec les plus grandes villes d'eaux telle que Baden-Baden en Allemagne. Il va orchestrer la métamorphose de la ville. Première étape : la construction de la gare en 1862 qui permit l'extension rapide de Vichy. Aujourd'hui, même si les luxueux salons d'attente ont disparu, on peut encore admirer son magnifique pavillon central. Parallèlement, de larges avenues furent percées, bordées de chalets pour loger l'empereur et sa suite, et de vastes parcs à l'anglaise furent aménagés. A la belle Époque, Vichy connut une nouvelle phase de travaux, avec l'inauguration notamment en 1902 du plus important établissement thermal d'Europe. «Prendre les eaux à Vichy», devint une expression à la mode.

Le grand Casino 

Bâtiment emblématique de la cité thermale, le casino fut construit en 1865, à la demande de Napoléon III. Conçu par l'architecte Charles Badger, c'est l'un des joyaux du patrimoine architectural de la ville. Il s'agissait alors de répondre aux besoins de divertissement des curistes. C'est le premier casino à inclure une salle de théâtre. Le lieu disposait également de plusieurs salles de jeux, d'une bibliothèque réservée aux hommes, d'un salon de conversation pour les femmes et d'une vaste salle des fêtes. 

En 1901, le casino fut agrandi : un opéra de style Art nouveau fut ajouté à l'édifice existant. Monument classé, il présente une décoration unique «baignée d'or et d'ivoire».

Villas et Hôtels particuliers

Haut lieu de villégiature dès la seconde moitié du XIXe siècle, la ville de Vichy se couvrit de somptueuses villas et de magnifiques hôtels particuliers que l'on peut encore admirer aujourd'hui. 

La rue Hubert-Colombier, qui fait le lien entre le vieux Vichy thermal, offre un condensé de l'architecture de la ville à son apogée. Inscrites au titre des Monuments historiques, les villas, construites dans les années 1900, rivalisent les unes avec les autres dans des styles bien différents. 

Jusqu'au milieu des années 1950, cette ruelle était privée et fermée par de hautes grilles qu'un gardien avait la charge d'ouvrir le matin et de refermer le soir. 

L'incontournable Parc des Sources 

La source des Célestins, encore exploitée de nos jours, est la plus célèbre des eaux de Vichy. Découverte au XVe siècle par les moines de la confrérie des Célestins, elle est naturellement gazeuse et fortement minéralisée. On peut la déguster gratuitement dans le pavillon des Célestins, édifice conçu par l'architecte Lucien Woog en 1908, dans le plus pur style du XVIIIe siècle français. 

Splendide et imposant, ce vaste palais de verre réunit depuis le début du XXe siècle, cinq des fameuses sources vichyssoises : Chomel, Hôpital, Célestin, Lucas et Grand grille. Les eaux minérales naturelles de Vichy, issues des volcans du Puy de Dôme, tirent leurs propriétés physico-chimiques de leur origine profonde et de leur acheminement très lent vers la surface de la terre. Dans son gobelet ou sa bouteille, les visiteurs repartent avec leur potion tiède ou chaude (elle peut atteindre 45°) Avec en mémoire,  cette exquise harmonie architecturale. 

Source Célestin

Célestin, est la seule source de Vichy à être embouteillée, elle est commercialisée dans le monde entier. Plus de 60 millions de bouteilles de Vichy Célestin sont vendues chaque année. C'est avec cette eau que l'on prépare les fameuses carottes Vichy, coupées en fines rondelles. Particulièrement riche en bicarbonate de soude, elle donne aux légumes leur belle couleur vive et ce goût si particulier. 

Nous empruntons la galerie couverte, une élégante curiosité datant de 1900, qui protège de la pluie ou du soleil. 

Un coup d'oeil aux kiosques à musique avant de s'arrêter au centre thermal des Dômes. Il s'agit d'un établissement de style néo-mauresque créé au début du XXe siècle, et qui fut le plus grand centre thermal du monde.

À la fin du XIXe siècle, un nouveau courant d’architecture s’impose largement influencé par les expositions coloniales et les expositions universelles où sont démontrés les charmes exotiques de l’Orient (Turquie, Algérie, Tunisie, Maroc, etc.). Son hall avec sa fontaine et ses fresques d'Alphonse Osbert sont du plus bel effet. 

L’engouement des bâtisseurs et architectes est tel que les motifs arabisants gagnent aussi la villégiature balnéaire et thermale se mêlant aux styles romans, flamands, anglais. Vichy, face aux stations thermales concurrentes, ne peut pas rester en marge. Les initiatives privées peuvent être directement liées à l’histoire d’une famille, comme celle de la Villa Tunisienne ou à une volonté d’embellissement qui s’inscrit dans cette mouvance orientaliste réinterprétée à l’occidentale. Grâce à la Compagnie Fermière et à des propriétaires privés, la ville s’immerge allègrement dans cette mouvance comme en témoigne son patrimoine singulier au premier rang duquel le Grand établissement thermal.

Visible de loin, le plus surprenant est sans conteste le dôme oriental, qui coiffe le pavillon central,  avec ses tuiles émaillées orange et jaune créés par Émile Muller.

il invite à musarder vers des contrées lointaines. Les thermes qui dominent Vichy,  portent des Dômes agrémentés de deux minarets, dotés de bulbes en céramique bleu turquoise qui abritaient jadis les réservoir d'eau.

Dans les couloirs de ce «palais des Mille et Une Nuits», classé Monument Historique depuis 1989,  des célébrités ont foulé la mosaïque symbolisant les sources. 

Les Thermes des Dômes font partie de la Compagnie de Vichy qui gère et exploite d'autres établissements de soins et hôtels sur la ville de Vichy. 

Nous poursuivons vers l'Allier 
Chalet de l'Empereur

En passant sur le boulevard de Russie et la rue de Belgique, on remarque de nombreuses villas aux styles éclectiques témoignant du passé international de la ville. Un coup d'oeil à celle d'Isaac Strauss, chef d'orchestre à l'Opéra de Paris, puis nous empruntons le boulevard des États-Unis avec sa série un peu incongrue de chalets Suisses. Napoléon III avait passé son adolescence en exil avec sa mère chez les Helvètes, gardant la nostalgie de ce pays. Il fit construire à Vichy, plusieurs chalets s'en inspirant. Ils portent le nom de l'Empereur, de Marie-Louise, d'Eugénie...

 

En traversant le parc planté de très vieux arbres, on accède aux berges de l'Allier agréables pour une promenade ou des activités nautiques. Là, au bord de l'Allier, Vichy prend des allures de paradis. 

L'air est doux les oiseaux chantent, un petit vent fait frémir les feuilles des arbres, et la lente valse de la rivière qui danse à nos pieds nous invite à un long moment de farniente. Puis......

Nous partons prendre «La Pastille» ! 

Cette pastille est indissociable de l'image de la ville d'eau. 

La marque «Pastille Vichy» fut déposée en 1833 par les frères Brosson, gérants de l'établissement thermal, propriété de la Compagnie fermière. De nombreux «Pastilleurs», aujourd'hui disparus, s'en sont néanmoins emparés au cours des XIXe et XXe siècles. Aujourd'hui, elles sont vendues exclusivement sous les marques  du groupe Cadbury (Amérique/France) et l'entreprise familiale Moinet, confiseurs à Vichy depuis 1852. Les pastilles, reconnues par décret impérial de Napoléon II,  pour leur capacité à soigner les troubles digestifs, leur composition n'a que peu évolué depuis.  Cette sucrerie crée en 1825 par un chimiste et distribuée par un pharmacien, sont fabriquées à partir d'extrait sec d'eau minérale puisée dans la source «Roger» à Hauterive, à l'extérieur de Vichy.  Appréciées par l'impératrice Eugénie, cette dernière contribuera à leur notoriété. Très consommées alors par l'aristocratie française, ce n'est pourtant que 58 ans plus tard, en 1914, qu'elles furent vendues librement comme confiseries,  et ces pastilles entameront dès lors la carrière que l'on sait. 

Si on peut acheter ces pastilles pratiquement dans toute la France, quand on vient à Vichy, c'est un plaisir de s'en procurer à la boutique située dans le parc. Mais attention, c'est un bonbon avec du sucre avant tout, donc on ne mange pas tout le paquet d'un coup ! 😉

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