11 Février 2022
♪♫ Week-end à Rome tous les deux sans personne ♫♪ ..., fredonne Étienne Daho en 1984.
Rome est une ville ou il fait bon prendre son temps. Lové dans une anse du Tibre, le centre historique est un hymne à la gloire de la ville éternelle, un concentré de monumentalité et de romanité. Impossible de manquer la piazza Novona, sa fontaine de Neptune, son obélisque et sa beauté baroque. Ni le Colisée, le plus grand amphithéâtre de la Rome antique. Pour son inauguration en 80 après J.-C. (l'évènement dura cent jours), on sacrifia 5 000 fauves et 2 000 gladiateurs ! On ne peut manquer non plus les musées capitolins, les jardins du Quirinal, l'arc de Titus, les thermes de Caracalla ou la colonne Trajane, l'une des sept merveilles de la cité. Le palais Farnèse attire tous les regards. Il fut construit en partie par Michel-Ange. L'histoire est inscrite à chaque coin de rue, ruelle et pavé de la ville. Née il y a 2800 ans, après, dit-on, qu'une louve allaita les jumeaux Romulus et Rémus, la caput mundi (la capitale du monde) fascine toujours. Parce qu'elle est à la fois une ville et une civilisation. Son histoire est la nôtre. Cité de la République, de l'Empire, des souverains pontifes, ville de la Renaissance, du baroque, du néoclassicisme fasciste, des Romains d'aujourd'hui....Les siècles se mêlent et s'imbriquent. Rome s'est approprié son histoire, en conservant certains monuments tels qu'ils pouvaient apparaître aux habitants de l'Antiquité (le Colisée, les marchés de Trajan) ; en en transformant d'autres.
Dans les ruines romaines de l'Area Sacra, en plein centre de Rome, des centaines de chats vivent parmi les ruines, transformées en refuge à ciel ouvert. Stérilisés, surveillés et nourris, ils ont été déclarés par les autorités romaines «Patrimoine vivant de la Ville». Plus de 250 chats se promènent parmi les vestiges ou dorment au soleil. C'est un endroit tout à fait extraordinaire ! Ils sont très bien soignés et ne manquent de rien, surtout pas de caresses. Un exemple à suivre!
Sur le forum de César, Michel-Ange redessine la place du Capitole ; la piazza Navona dissimule les ruines du stade de Domitien ; le Panthéon devient église Sainte-Marie-des-Martyrs. Un pompeux monument que les Romains appellent la «machine à écrire», de son vrai nom le Vittoriano, célèbre le premier roi d'Italie, Victor Emmanuel II.
Le Vittoriano, Le Colisée, La place Navona et sa fameuse fontaine de Neptune, Le forum, La place de l'Espagne, La Basilique St Pierre..
Nous filons vers le Tibre et le pont Sisto. Promeneurs, pêcheurs du dimanche et vendeurs de glaces animent ses berges. De l'autre côté du fleuve, Saint-Pierre, du haut de sa coupole, semble veiller sur eux. À quelques pas, les papes édifièrent le fantasque château Saint-Ange qui leur servit de résidence avant de devenir une citadelle puis une prison.
C'est l'heure de la pause gelato. Si il y a une chose à ne pas manquer ici, c'est croquer dans une glace à la terrasse d'un café.
Nous sommes dans le Rioni (le quartier) Parioni, entre le Tibre et la piazza Navona. Une fontaine, des escaliers, un bougainvillier, des maisons avec du linge qui sèche aux fenêtres et une église : pas de doute, nous sommes sur une place romaine.
Dans ce vieux quartier, on peut entendre encore le dialecte local, aux tons forts et aigus. Expérience savoureuse ! Entre via Leonina, via dei Serpentini et via del Boschetto, c'est le charmant quartier de Monti, où l'on se perd pour déboucher sur le marché de Trajan, le Colisée et le Quirinal. Ici, la vie est légère et les façades exposent leurs couleurs pastel.
Via Mazzarino se cache l'un des plus beaux jardins de la capitale, celui de la villa Aldobrandini, un monde secret.
Nous traversons le Tibre pour gagner les ruelles tortueuses du Trastevere (littéralement "au-delà du Tibre"). Dans l'Antiquité, les monuments n'avaient pas leur place dans ce quartier pauvre. De nos jours, il est à la mode. Les façades des maisons habillées de lierre composent un décor théâtral, celui de la Rome des années 1960 et 1970.
L'Orto Botanico, le jardin botanique, a des allures de paradis terrestre. La via Garibaldi nous conduit jusqu'à la colline du Janicule. Évincée de la liste des sept mythiques collines (car hors des murs de la ville antique), le Janicule offre pourtant, de ses 85 mètres, la plus belle vue sur la ville. Cette colline doit son nom au dieu Janus qui fut célébré dans la Rome Antique. Aujourd'hui, cet espace vert est consacré à la mémoire de Giuseppe Garibaldi, un héros national considéré comme l'un des grands défenseurs de la République Romaine. Son ascension demande un peu d'effort mais les splendides vues sur Rome au fil de la promenade méritent largement le détour.
En redescendant de la colline, on admire la Fontana d'ell'Acqua Paola, une fontaine monumentale en marbre du 17e siècle commandée par le pape Paul V. On dit qu'elle a servi de modèle pour la construction de la fontaine de Trevi.
Un coup de canon signale qu'il est midi, l'heure de se restaurer ; les clochers de la ville répondent à l'unisson. Pour se régaler, il suffit de pousser la porte d'une salumeria (charcuterie) de quartier : chiffonnade de jambon, mortadelle de porchetta, simples cacio e pepe (pâtes tonnarelli, pecorino et poivre noir), saltimbocca à base d'escalope de veau finement tranchée, ou abbacchio (agneau) alla romana.
La cuisine Romaine affiche ses origines: populaire des le restaccio, l'ancien quartier des abattoirs, où les abats se mijotent longuement ; plus raffinée dans le Ghetto juif avec ses carciofi, petits artichauds frits, et sa torta alla ricota, divin gâteau au fromage frais ; locale quand les produits du terroir accompagnent les pâtes aux mille et une sauces et l'agneau de lait rôti. En option, un Frascati blanc ou un Olevano Romano rouge. C'est la dolce vita, un art de vivre unique qui célèbre le plaisir et absorbe tous les drames.
À la Renaissance, on parlait de sprezzatura, cette nonchalance qui, selon Baldassare Castiglione, écrivain et diplomate célèbre de l'époque, «Montre que ce que l'on a fait et dit est venu sans peine et presque sans y penser».
Il nous reste à rejoindre la fontaine de Trévi, l'une des images les plus emblématiques de la ville, et y jeter une pièce pour être certains d'y revenir !