11 Juillet 2022
La Vendée ne manque pas d'atouts. Parmi eux, il en est un mystérieux et chargé d'histoire, le marais Poitevin.
C'est en bateau qu'il faut prendre le pouls du marais. Un endroit envoûtant, hors du temps, une expérience unique dans un bout de France à part. Il suffit de se laisser glisser dans un immense labyrinthe d'eaux couvertes de lentilles vertes, bercé par le bruit des pigouilles, longs bâtons qui servent à manœuvrer les plates, barque traditionnelles à fond plat. Avec comme décor la voûte des saules, des peupliers et des frênes têtard projetant leur ombre. On a la sensation étrange de pénétrer dans une tableau impressionniste. Et l'on se met à chuchoter pour ne pas troubler martins-pêcheurs, hérons gardes-boeufs et autres bernaches nonnettes aperçus au détour d'une conche.
Le bateau était le seul moyen de transport jusque dans les années 1960. Depuis, c'est vrai, on a construit ici et là quelques routes et quelques ponts mais le marais Poitevin, à cheval sur trois départements (Vendée, Deux-Sèvres et Charente-Maritime), reste la deuxième plus grand zone humide de France, après la Camargue : 4.000 Km de canaux essentiels à la vie de la faune et de la flore, mais aussi de ses habitants. On la surnomme la «Venise verte». Autrefois couvert par l'océan, le marais Poitevin, qui occupe l'emplacement de l'ancien golfe des Pictons, a vu accoster galères romaines et sarrasines. En se retirant, la mer a laissé une zone marécageuse sculptée par la main de l'homme.
Dès le Moyen Âge et jusqu'au XIXe siècle, des travaux d'assèchement ont été entrepris et des canaux creusés pour évacuer l'eau et protéger les prairies. Peuplés d'oiseaux migrateurs qui donnent des ailes aux randonneurs, ses paysages bucoliques fourmillent aussi de villages.
Ceux-ci ont gardé précieusement leurs petits ports de pêche et leurs pittoresques maisons aux volets bleus, dans lesquels on entre soit par le chenal soit par le chemin, au choix. Ils se nomment La Garette ou Le Vanneau-Irleau, du nom d'un échassier coutumier des canaux.
Construit au coeur du marais du XIIe siècle, Arçais fut un port important par lequel transitaient bois, vins et céréales. À Coulon, la «capitale», la place de la Coutume a été savamment restaurée, et un petit musée présente toutes les activités traditionnelles du marais. Nous avons été étonnés, de voir, des éleveurs conduire leurs vaches au pré en bateau ! Des bêtes emblématiques, les maraîchines, aux yeux maquillés de noir, aux cornes fines et à la robe fauve, réputées pour leur adaptation aux milieux humides. Pour découvrir quelques secrets du marais, on s'approche des embarcadères Bardet-Huttiers, de l'Abbaye, de Port de Montfaucon, ou carrément du Paradis !
Le secret de l'eau qui prend feu par exemple ? Un phénomène magique, même si quelques esprits chagrins prétendent que la décomposition des végétaux forme des poches de méthane au fond des canaux et qu'en les agitant avec les pigouilles elles remontent à la surface. Il suffit alors d'approcher la flamme d'un allumette pour enflammer l'eau. Qu'importe, le spectacle est féérique !
Au Vanneau-Irleau, tous les samedi de juillet, se tient un marché sur l'eau. Ce jour-là, on ne se déplace qu'en barque, comme jadis, pour acheter des produits du terroir aux agriculteurs et aux commerçants installés eux aussi sur des plates.
À l'heure du déjeuner, un grand pique-nique est organisé par les habitants du village avec, au menu : charcuterie locale, tourteau fromager, anguilles, pâté de ragondin, fruits et légumes du marais, angéliques confites ....Et surtout le fameux jambon aux mogettes, un plat qui fleure bon la Vendée.
Les 8.200 km de voies d'eau du Marais Poitevin, ainsi que ses 594 ouvrages hydrauliques offrent de vrais paysages de carte postale. Nous poursuivons notre périple à vélo en partant sur les circuits aménagés et balisés qui bordent le canal Marans-La-Rochelle. Le Marais Poitevin est sans conteste, le royaume du vélo...comme celui des oiseaux. On découvre barrages, portes à flot, bondes et aqueducs, ports du Marais. On fait un arrêt pour admirer les bateaux passer les écluses.
Cette réserve constitue un site d'importance internationale pour l'avifaune migratrice. Longue de 5 km, cette flèche sableuse est un lieu d'observation privilégié pour les ornithologues, c'est l'observatoire de la Rade d'Amour. Ouverte au public uniquement sur visites guidées, on y aperçoit de nombreuses espèces d'oiseaux : gorge-bleue à miroir blanc, milan noir, aigrette garzette, héron cendré, tadorne de belon, nombreux limicoles, oies et canards, etc..
Côté patrimoine, le Marais Poitevin abrite aussi des abbayes millénaires et des traditions ancestrales. En bref, visiter le marais ne se limite pas à la Venise verte, loin de là ...Le territoire est l'écrin de multiples vestiges du passé.