22 Novembre 2020
Rien ne va plus ! Un succès mondial. Tous les mathématiciens y ont perdu leurs équations et les amateurs de martingales leurs suites de chiffres improbables. Reste la chance ....
La roulette de casino fait une apparition timide en 1716 dans les galeries du Palais Royal à Paris. Puis, vers 1860, les frères Blanc gagnent la concession des casinos du rocher de Monaco : LE GROS LOT !
La tradition veut que son créateur soit Blaise Pascal. Une invention qui serait un accident : après avoir échoué à mettre au point une machine à mouvement perpétuel, le savant aurait recyclé sa roue pour en faire la première roulette de l'histoire....Bien difficile à croire ! Pascal concevait généralement des machines un peu plus élaborées, telle la Pascaline, sa célèbre machine à calculer. En réalité, cette légende est sans doute née d'une confusion avec l'acceptation primitive du mot "roulette", lequel servait, au XVIIe siècle, à désigner la courbe cycloïde qui inspira à Pascal un traité.
C'est en 1716 que le mot est utilisé pour la première fois dans son sens moderne. Une roue, bien rudimentaire, guidant au hasard une bille dans une série de cases est soumise aux paris des joueurs dans les salons de l'hôtel de Soissons à Paris.
À la fin du XVIIIe siècle, dans le Paris du Directoire, sa configuration actuelle, avec ses numéros rouges et noirs, apparaît vraiment. La roulette figure alors en bonne place dans la plupart des maisons de jeux installées dans les galeries du Palais-Royal, lieu de perdition réputé.
Et c'est dans l'un de ces établissements que les frères François et Louis Blanc la découvrent. Les jumeaux, originaires du Vaucluse, vont en faire un jeu de renommée mondiale. Voyant d'emblée tout le profit qu'ls pourraient en tirer, les frères Blanc reprennent l'une des maisons de jeux du Palais-Royal. Leur roulette attire vite la foule : elle ne comporte qu'un seul 0, au lieu de deux partout ailleurs, ce qui réduit considérablement l'avantage de la banque. Pourtant, les Blanc, redoutables mathématiciens, sont sûrs de leurs calculs : si en apparence, ils favorisent les joueurs, les deux frères sortent systématiquement gagnants. Et ils commencent à amasser une solide fortune lorsque, en 1836, Louis-Philippe promulgue une loi interdisant "les loteries particulières et les maisons de jeux".
Qu'à cela ne tienne : les Blanc transportent aussitôt leur roulette à Bad Hombourg, une ville d'eau d'ouest de l'Allemagne, où ils attirent des joueurs fortunés venus de toute l'Europe...Et un écrivain du nom de Dostoïevski, qui, après avoir perdu des sommes colossales au jeu des frères Blanc, écrira son fameux roman, Le Joueur, situé dans une cité allemande de fiction, «Roulettenboug».
Lorsque, vers 1860, le prince Charles III de Monaco, souverain d'un rocher sans ressources, décide de dédier sa principauté aux jeux d'argent, il fait naturellement appel aux frères Blanc et à leur roulette.
Pour cinquante ans, et contre le versement de 10 % de leurs bénéfices, les jumeaux obtiennent la concession des jeux de Monaco. Sur une colline déserte et isolée, ils fondent un casino, autour duquel s'élèvent des hôtels luxueux.
Ainsi naît Monte-Carlo, dont le nom rend hommage à ce prince fort accueillant....
Dès les premières années, les bénéfices des frères Blanc se comptent en millions de francs. À partir de 1872, date à laquelle Bismarck interdit les maisons de jeux dans le nouvel Empire Allemand, le casino de Monte-Carlo jouit d'un monopole en Europe.
Les grandes fortunes se pressent sur le Rocher. Se disputant le privilège.....de se ruiner à la roulette !
Imaginons qu'un destin favorable conduise vos pas à Monaco, vous descendez à l'Hermitage, qui n'est pas mal dans le style Art nouveau avec son jardin coiffé d'une coupole bâtie par Gustave Eiffel. Même si le jeu n'est pas votre tasse de thé, une visite au casino s'impose. Sans cette pâtisserie architecturale édifiée en 1879 par Charles Garnier, le père de l'Opéra de Paris, Monaco serait resté un port de pêche anonyme et ses princes des anecdotes pour érudits locaux. Après une halte rapide à l'opéra attenant, inauguré par Sarah Bernhardt et entièrement rénové en 2005, vous empruntez la rue Grimaldi puis le boulevard Albert 1er pour grimper sur le rocher et prendre quelques photos du musée océanographique. À quelques pas de là, vous voici au Palais Princier, étonnante bâtisse crénelée à laquelle chaque époque a laissé son aile, sa colonnade ou sa tour.
Après en avoir visité les grands appartements, vous ne résistez pas aux figurines kitsch à l'effigie des carabiniers monégasques vendus par la boutique de souvenirs. Retraversant Port Hercule, vous déambulez ensuite boulevard Louis II puis avenue de la Princesse-Grace, qui dit-on, serait l'artère la plus chère au monde.
Après un saut au musée des voitures anciennes où est exposée la collection du prince Rainier, vous vous décidez à flâner jusqu'au Larvotto, cette presqu'île entièrement gagnée sur la mer, pour profiter de sa plage et admirer le coucher du soleil depuis ses terrasses.
Une bonne journée, songez-vous en regagnant votre hôtel. Pour vous ? Sans doute. Mais pour le prince de Monaco : assurément. Chacune de vos étapes lui a profité. L'hôtel, le casino, l'opéra, le Palais, les musées, le sporting club, jusqu'aux souvenirs shops : Tout lui rapporte grâce à ses participations dans la Société des bains de mer dont il est l'actionnaire de référence. Le «Patron», disent les Monégasques reconnaissants à propos de Rainier III, a fait du rocher une véritable «pompe à phynances». Et il s'est servi en premier.
Monaco est un cas d'école. Même s'ils ont relancé leur fortune sur les tapis verts, ses princes se sont empressés d'en diversifier les sources en investissant dans le plus grand nombre de secteurs possibles.