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Les Dragées....sacrées sucreries !

Les Dragées....sacrées sucreries !

Cette gourmandise romaine, symbole de partage des moments heureux, gagne très vite la France. Dès le XIIIe siècle, Verdun en devient la capitale incontestée. 

La dragée (du latin tragemata, "friandise"), cette amande enrobée de sucre, serait née de l'étourderie d'un confiseur romain. 

Vers 170 av. J-C., Julius Dragatus aurait laissé tomber une amande dans une jarre de miel. Le résultat de cette heureuse maladresse, vite perfectionné par son inventeur, va plaire au-delà de toute espérance. Constituées d'amandes, de noix et d'épices enrobées de miel, elles sont offertes aux invités lors des cérémonies officielles ou privées, à l'occasion des naissances et des mariages. Les voilà déjà symboles du partage des moments les plus heureux de l'existence. Au moyen Age, les croisées rapportent d'Orient un ingrédient plus précieux que le miel, le sucre de canne. Son utilisation dans la confection des dragées va leur donner une apparence lisse, assez proche de nos sucreries modernes. Elles sont fabriquées par les apothicaires, seuls autorisés à faire commerce du sucre. 

Les dragées, qui peuvent être constituées de graines ou de fruits confits enrobés de miel, sont aussi nommées «épices de bouches» et sont prescrites pour faciliter la digestion et rafraîchir l'haleine. 

Depuis le XIIIe siècle, elles ont leur capitale : Verdun, en Lorraine. 

Verdun

Les apothicaires de la ville vont se spécialiser dans leur fabrication. La recette d'origine est faite à base de graines d'anis vert enrobées de sucre. On les recommande notamment aux femmes enceintres, pour mener à bien leur grossesse, et aux accouchées. Sans doute en offrent-elles aussi à leurs visiteurs ? Ainsi serait née l'habitude de distribuer des dragées aux baptêmes. 

Grâce aux bateliers, la spécialité de Verdun se fait connaître en Hollande, puis se répand jusqu'à Constantinople et en Russie. Les magistrats de la cité offrent des dragées aux visiteurs de marque et aux membres de la famille royale. 

En 1574, Henri III en reçoit à l'occasion de son sacre. En 1603, Henri IV, de passage à Verdun, se voit offrir des dragées. La tradition est encore respectée par les élus verdunois. Un drageoir frappé des armes de Verdun est toujours offert aux chefs d'État rendant visite aux élus de la ville meusienne. 

À Versailles, sous le règne du Roi-Soleil, les dragées font fureur et forment l'essentiel des «épices de chambre» toujours à disposition. On les place dans des vases d'or et d'argent appelés drageoirs. Mais il en existe de plus petits que l'on porte à la ceinture comme le font les ducs de Lorraine, présents à la Cour depuis le XVIe siècle. Ils ont coutume d'en distribuer aux courtisans, contribuant ainsi à leur diffusion. 

En 1777, une ordonnance royale interdit le commerce du sucre aux apothicaires. La confection des dragées devient alors l'apanage des confiseurs qui élargissent sans fin, jusqu'à nos jours, la palette des parfums. 

Il est toujours d'usage, à la sortie de l'église, de lancer des dragées au-dessus des mariés, pour leur porter chance et bonheur, et d'en offrir aux invités lors d'un mariage ou d'un baptême. L'amertume de l'amande mêlée à la douceur du sucre symbolise les joies et les peines de la vie. 

Pour un mariage, leur nombre doit être impair pour symboliser l'indivisibilité de l'union. On en offre généralement cinq, une pour chaque vœu adressé aux mariés : fécondité, félicité, prospérité, santé et longévité. Néanmoins, avec seulement cinq dragées, les convives risquent d'être quelque peu frustrés. Il est donc préférable de réfléchir au nombre de grammes à prévoir par personne. 

Il n'est dragée que de Verdun ! 

Aujourd'hui, la Maison Braquier reste l'unique usine Lorraine à fabriquer la dragée de façon artisanale et traditionnelle, mais propose aussi d'autres confiseries uniques. On peut découvrir les procédés de fabrication et les ateliers,  déguster gracieusement  leurs produits et faire ses emplettes dans le magasin d'usine. 

La Maison Braquier est fondée en 1783 par Jean Boivin, confiseur pâtissier. «Léon Braquier et Edouard Boivin achètent, dès l'armistice de 1871, le château de Coulmier, ancienne villégiature des Évêques de Verdun, et font construire une vaste usine. En 1871,  chez Braquier ont inventé le marketing avant l'heure puisque pour faire sourire les familles de militaires, juste après la guerre de 70, ils ont eu l'idée d'obus en chocolat, explosant, et libérant des dragées et des surprises. Et tout ça bien avant la guerre de 14 et surtout bien avant la bataille de Verdun.  L'usine, complètement détruite lors de la Bataille de Verdun en 1916, fut reconstruite et modernisée. La société «La Dragée de Verdun», anciens Établissements L.Braquier, a été définitivement constituée le 11 août 1921. Les Dragées Braquier ont conquis le monde entier. Des Amateurs prestigieux ont marqué la légende de l'entreprise au fil des années : Napoléon 1er, le Président Carnot, Edouard VII Roi d'Angleterre, Le prince de Galles, le roi et la reine des Belges, et Charles de Gaulle. 

En passant par la Lorraine, n'hésitez pas à visiter cette usine mythique, mais aussi la ville, car Verdun c'est également un lieu particulier de l'histoire du monde. Pas uniquement le symbole sacré de la disparition de 300 000 hommes dans la fureur des combats. C'est un lieu particulier parce qu'ici sont nées la France, la Lorraine et l'Allemagne, avant d'y vivre des combats fratricides, le dernier en 1916. Par le traité de Verdun en 843, les petits enfants de Charlemagne se sont partagé son empire en trois. La Francia Occidentalis, qui allait devenir la France, la Lotharingie qui allait devenir la Lorraine, et la Germanie, qui allait devenir l'Allemagne.

Verdun c'est donc aussi ça, une ville de naissance, où il fait bon se promener et où les lieux à visiter ne manquent pas. 

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