26 Mai 2021
Dès l'antiquité, il est d'usage de fêter les mamans. Au printemps, les Grecs honorent Rhéa, la mère de Zeus, symbole de fécondité. À Rome, aux calendes de mars, on célèbre les Matronalia (du latin matrona, «mère de famille»).
Le christianisme va substituer à ces rituels païens le culte de la Vierge Marie, la mère par excellence.
La tradition renaît en Grande-Bretagne au XVIIIe siècle, avec le Mothering Sunday. La quatrième dimanche de Carême, les enfants placés comme domestiques, en particulier les petites filles, peuvent aller rendre visite à leur maman. Napoléon 1er sera séduit par cette tradition, mais son intention d'instituer une fête du même ordre en France, afin d'encourager la natalité n'aura pas de suite. Aux États-Unis, un institutrice, Anne Jarvis, va mener campagne pendant de longues années pour qu'un service religieux soit célébré le deuxième dimanche de mai afin d'honorer les mères de famille. Pourquoi à cette date ? Sans doute en hommage à sa propre mère, fondatrice des Mother's Day Work Club avant la guerre de Sécession, décédée en ce jour précis. Le Mother's Day est célébré à partir de 1908. En 1914, le président Woodrow Wilson l'institue officiellement comme fête nationale. Elle est rapidement adoptée par les pays anglo-saxons. Pendant la première guerre mondiale, les soldats américains engagés sur le front vont populariser cette fête par l'envoi en masse de cartes postales à leurs mères.
En 1918, en raison de l'hécatombe provoquée par la Grande Guerre, il est plus que jamais urgent de relancer la courbe des naissances. Cette année là, la ville de Lyon fête les mamans méritantes en leur conférant récompenses et prix, dont l'un offert par le président de la République.
En 1920, le ministère de l'intérieur autorise la première journée nationale des mères de familles nombreuses au cours de laquelle une collecte est organisée. La fête remporte un franc succès. Sous la présidence de de Gaston Doumergue, un décret institutionnalise la Journée des mères, qui prend sa place dans le calendrier le dernier dimanche de mai. Le régime de Vichy s'en empare et, en 1941, créé la fête des Mères telle que nous la connaissons.
Et oui ! le maréchal Pétain est en quelque sorte l'inspirateur du petit déjeuner préparé et servi au lit par les enfants ou du collier de nouilles confectionné par des générations d'écoliers.
En 1950, la loi du 24 mai établit que «la République française rend officiellement hommage chaque année aux mères françaises au cours d'une journée consacrée à la célébration de la fête des Mères» et en fixe à nouveau la date au dernier dimanche de mai, sauf s'il s'agit du dimanche de Pentecôte. Les mamans sont alors fêtées le premier dimanche de juin.
La fête des mères est fêtée quasiment dans tous les pays de monde. Cependant, selon les coutumes et traditions la date de fête des Mères peut différer selon le pays, et pour certains, il s'agit d'une date qui varie chaque année.
Existe-t-il une cérémonie en l'honneur des pères dans l'histoire ? Rien ne l'atteste.
L'idée est née aux États-Unis. La «mère» de ce projet se nomme Sonora Smart Dodd (1882-1978). En 1910, à Spokane, dans l'État de Washington, cette fille d'un vétéran de la guerre se Sécession est la première à penser rendre hommage aux papas. Cette année-là, le jour de la fête des Mères américaines, alors qu'elle assiste au sermon donné à l'église à cette occasion, la jeune femme constate avec colère l'absence de référence au rôle des père dans l'éducation des enfants et réalise qu'ils méritent eux aussi la reconnaissance nationale. Unique fille et aînée d'une fratrie de six enfants, elle est âgée de 16 ans lorsque sa mère meurt en couches en donnant naissance à son sixième enfant. La jeune fille assiste de son mieux son père devenu veuf. Dans cette famille de pionniers, partie de l'Arkansas pour s'installer dans l'État de Washington à l'époque de la conquête de l'Ouest, parents et enfants sont liés par un profond attachement. William Jackson Smart a su maintenir cette forte cohésion familiale.
Sonora Smart Dodd veut prouver à ce père très estimé à quel point elle lui est reconnaissante de son dévouement paternel. Mr Smart étant né un 5 juin, elle choisit naturellement cette date pour organiser le première fête des Pères à Spokane. Mais, les pasteurs craignant de ne pouvoir préparer à temps un sermon de circonstance, choisiront à la place le 19. Les journaux se font l'écho de ce grand succès populaire. D'autres journées semblables sont organisées à travers le pays.
En 1916, le président Wilson, qui a institutionnalisé la fête des Mères aux États-Unis, se rend à Spokane et fait un discours remarqué lors du service religieux donné en l'honneur des pères. Le 19 juin 1919, William Smart meurt, le jour même la fête fondée par sa fille. Quatorze ans plus tard, en 1924, le président Calvin Coolidge inaugure son mandat en soutenant le projet d'une journée nationale de fête des pères. Mais rien de concret ne vient couronner ses bonne intentions. Le Congrès Américain craint une surexploitation commerciale d'une fête des pères officielle. Pourtant, Sonora Smart Dodd ne désarme pas. Elle se battra pendant soixante-huit ans, écrivant sans relâche aux présidents successifs pour que son voeu se réalise.
Enfin, en 1966, le président Lyndon Johnson, successeur de John F. Kennedy, signe la proclamation officielle d'un Father's Day, équivalent du Mother's Day. En 1972, le président Nixon confirme la date du troisième dimanche de Juin et fait de la fête des pères une célébration nationale et permanente.
Entre temps, la France a institué, en 1952, la première fête des Pères, le 20 juin.
Depuis, Sonora Smart Dodd, qui s'est éteinte à l'âge de 96 ans, peut reposer en paix. Les papas sont fêtés dans une trentaine de pays.