13 Novembre 2021
A 50 Km au nord-est du Luxembourg et à 100 km de Metz en France, se trouve la plus ancienne ville d'Allemagne, Trèves ou Trier en allemand. Nichée entre les monts de l'Eifel et le Hunsrück, au bord de la Moselle, Trèves est un véritable carrefour historique et point de rencontre entre les civilisation celtiques, germanique et romaines.
Avec ses 8 biens du Patrimoine Mondial de la Culture, Trèves n'a pas à rougir dans une comparaison avec l'Italie et son antique patrimoine. Comme ville résidence des empereurs romains, l'antique métropole Augusta Trevirorum possédait des bâtiments qui, en dimensions et magnificence, n'étaient inférieurs qu'à ceux de Rome même. La comparaison avec l'Italie et Rome est déjà présente chez les antiques écrivains et c'est ainsi que, dès le 4eme siècle, Ausonius, le rhéteur et précepteur du prince loua, dans son poème Moselle, les beautés du fleuve. Aujourd'hui encore, en été, avec les nombreux café et la foule grouillante dans la zone piétonne, on se croirait en Italie. La douceur du climat de la vallée de la Moselle, les vignobles d'aspect sud-Européens entourant la ville renforcent encore plus cette comparaison. D'impressionnantes ruines romaines caractérisent aujourd'hui encore l'image de la ville, et , au Moyen-âge, les archevêques de Trèves comptaient parmi les plus puissants souverains d'Allemagne et laissèrent également une fastueuse architecture.
La première chose que l'on va visiter lorsque l'on arrive à Trèves, c'est La Porta Nigra, qui est un monument hors pair de l'époque romaine. Elle figure sur la liste du patrimoine culturel mondial de l'UNESCO. Construite vers 170 après J.C. avec environ 7200 blocs de pierre, sa construction solide a permis au monument d'être préservé jusqu'à aujourd'hui.
Les blocs de grès initialement de couleur claire prirent dès le Moyen-Age cette teinte sombre qui suscita le nom de «Porte Noire». Les pierres de taille, pesant chacune jusqu'à 6 tonnes, sont murées sans ciment et sont stabilisées par leur propre poids et des crampons de fer. La Porta Nigra dispose d'une cour intérieure, et d'une geôle. On peut monter en haut pour profiter d'une vue imprenable sur la ville. Il ne reste plus rien des énormes remparts romains, près de la Porte Noire. Juste à côté de la Porta Nigra se trouve le bureau d'information touristique.
Dans la Simeonstrasse, entre la Porta Nigra et le Marché Principal, se trouve la zone piétonne. Ici on voit les plus belles façades et la plupart des cafés. Mais cela vaut la peine de faire, quelques pas dans les rues transversales remplies de découvertes : Une maison des années 1830, avec un bel étage de Goerg Wolff, qui, comme café - glacier, invite à s'arrêter un peu. Un peu plus loin, dans la rue opposée, saute aux yeux une haute façade médiévale sont la coloration a presque une légère impression orientale, la splendide façade appartient depuis le 17è siècle à la Maison des Trois Rois, construite au début du 13ème siècle dans la période entre le style roman et le gothique.
Origine de la cité bourgeoise, le Marché principal, fondé au 10e siècle, est aujourd'hui encore sur la principale place de Trèves, prédestinée aux plus diverses manifestations, où, bien sûr, a lieu le marché. Au milieu de la place se dresse la Croix du Marché, visible signe du droit de Marché octroyé par Otto le Grand à l'archevêque Heinrich pour la ville. L'escape est formée d'une colonne de granit romaine.
Peu avant la Place du Marché s'ouvre au bas d'un groupe de maison à colombages, l'entrée d'une ruelle, la Ruelle des Juifs qui était un ghetto où habitaient ces derniers jusqu'au début du 15e siècle, date à laquelle les juifs durent quitter la ville. Dans la cave de la maison située au n°4/4a il subsiste un mikvé, un bain rituel juif. Ce bâtiment accueille un centre de documentation sur la vie des juifs depuis les début de l'époque romaine en passant par l'essor au Moyen-Âge jusqu'à l'Holocauste, puis la reconstruction après 1945.
Par la Sternstrasse on parvient au médiéval périmètre d'immunité de la Cathédrale, avec ses deux églises et divers bâtiments de la Curie. une fois sur la place, on trouve à gauche, les édifices baroques qui, à l'époque prussienne, formaient le noyau de l'administration. L'aigle à deux têtes prussien sur les panneaux des frontons du palais Walderdorff, témoignent aujourd'hui encore, de sa fonction au 19e siècle. Juste à côté de la partie ouest de la cathédrale, de l'époque salique, se trouve l'église Notre-Dame du gothique précoce, un des premiers bâtiments de ce style en Allemagne.
Les deux églises ont un cloître commun, et, elles sont aussi uniques que le couvent de Siméon et la porte Nigra, et figurent également dans le patrimoine Culturel mondial de l'UNESCO. Vu qu'il a été construit sur la place depuis l'ère Romaine, on trouve toujours lors de fouilles dans le périmètre d'immunité de la Cathédrale, des vestiges de grandes constructions romaines de plusieurs siècles. Devant le portail de la Cathédrale se trouve une des 4 colonnes qui portaient le plafond de la construction romaine carrée. Ce qui est appelé Pierre de la Cathédrale, dont on disait, au Moyen-Âge que le diable l'avait jeté, est en granit d'Odenwald. Vu l'énorme poids des 4 pierres brutes qui étaient dans la construction romaine, on ne peut qu'être surpris par la logistique de transport de l'antique.
Le château de l'archevêque de Trèves a été construit au 18ème siècle, et il est complété par un magnifique jardin, orné de figures légendaires et dieux de l'antiquité. Ce palais électoral de Trèves est aujourd'hui occupé par l'administration allemande. Elle y accueille aussi parfois des concerts ou d'autres représentations artistiques. C'est l'un des plus beaux palais rococos du pays, voire du monde. Ce courant artistique est particulièrement magnifié sur sa belle façade principale, de couleur rose avec des sculptures blanches. Cette même façade, s'ouvre sur le grand jardin du complexe le Palastgarten. Un des plus grand et des plus beaux espaces vers au sud de la ville. Il est librement accessible. Nous le traversons et notre regard tombe sur une grande ruine romaine, il s'agit des thermes impériaux qui ne furent jamais entièrement terminés. La construction fut certes commencée déjà à la fin du 3e siècle quand Trèves devint siège de souverains, mais dans une des plus grandes installations de bains de tout l'empire ne coula jamais une goutte d'eau.
La construction resta certes inachevée, mais l'impressionnante dimension de 250 m sur 145 va bien avec la Trèves romaine, la Rome du nord. On visite les couloirs souterrains qui avaient des systèmes d'eau et de chauffage. Les voutes des couloirs, ainsi que les vomitoires, les entrées de l'amphithéâtre coulées dans des coquilles de bois, ce qui se voit parfaitement aux empreintes des planches des coquilles. Les thermes, à l'époque ne sont pas seulement bons pour l'hygiène. Ils étaient avant tout des centres de communication. A une époque sans télévision, radio, journaux ni internet, les informations circulaient directement de bouche à oreille. Qui, après avoir entrepris un voyage, avait quelque chose à raconter, pouvait être sûr d'avoir un auditoire intéressé. On ne prenait ni l'avion ni le train, mais on rassemblait des expériences en cours de route. Les informations de ce temps étaient plus longtemps d'actualité. Pour contacts sociaux, affaires, amitiés et plaisirs, le temps ne manquait pas dans les thermes de l'empire romain. Les auteurs antiques comme Sénèque ou Pline le Jeune, décrivent l'animation dans les bains de façon très explicite et leurs oeuvres sont dignes d'être lues, et, soit dit en passant, elles sont très amusantes.
Le mot grec «amphithéâtre» ne fut employé qu'à l'époque de l'empire romain. Il signifie à peu près "des tribunes de tous côtés". Avec les thermes, l'amphithéâtre, était le point de rencontre de la société, puissant pôle d'attraction. L'arène mesure 47.5 mètres sur 71. Les deux côtés de l'ensemble de Trèves sont remblayés. De puissants murs stabilisent le remblayage. Comme dans les remparts, on employa, pour l'amphithéâtre des murs de calcaire à double coque. Il y a aujourd'hui encore 13 baies de portes et une cave où on peut aller depuis l'arène.
Nous prenons le chemin en direction Süd-Allee/Keiserstrasse jusqu'au Pont Romain. Le marché aux Grains, réaménagé, est toujours dominé par la belle fontaine rococo, puis nous nous dirigeons vers la Brückenstrasse, où se trouve la maison de Karl-Marx qui est aujourd'hui un musée, évoquant les différentes étapes de sa vie ainsi que l'histoire du socialisme et du communisme.
La maison baroque de 1727 n'était toutefois qu'un des domiciles de la famille Marx, qui, en 1819, déménagea dans la Simeonstrasse. En 1928 la SPD, le parti socialiste allemand acquit la maison. Les Nazis l'utilisèrent comme siège de leur journal national. Aujourd'hui, avec une installation et didactique rénovée, c'est la destination des politiquement intéressés.
Karl Marx, né le 5 mai 1818 à Trèves, était, par son activité dans la Rheinische Zeitung, un des principaux organisateur de l'opposition au pouvoir princier en Allemagne. Le journal ayant été fermé par les autorités prussiennes de censure, Marx se rendit en France où il écrivit pour le journal Vorwärts (En avant!). Il mourut en mars 1883. Ses idées développèrent seulement leur effet longtemps après sa mort. Il y a eu, nous a-t-on dit un emploi abusif de son nom dans le cadre d'un système méprisant pour le genre humain, alors qu'il militait, en fait, pour la liberté et la dignité.
Par rapport à sa population, 110 600 habitants, Trèves possède un nombre surprenant de facultés.
L'Université, qui a elle seule a fait se créer tout un quartier. la Faculté de théologie et l'École Supérieure spécialisée disposent, grosso modo, de plus de 20.000 étudiants. À ceci s'ajoutent les séminaires de prêtres, l'Académie Européenne de Droit et de Justice. De nombreuses écoles professionnelles, et des centres de formation.
Au centre ville, il y a plein de restaurants pour goûter aux bratwurst mit Kartoffel (choucroute), aux tartes flambées, soupes à l'oignon, Bretzels, glaces, etc.. Mais l'endroit idéal pour diner se trouve en remontant un petit chemin vert à l'ouest de la Porta Nigra qui rejoint les quais de la Moselle.
Nous sommes un peu loin de l'hyper centre, mais le déplacement en valait très largement le détour. Les établissement disposent tous de grandes belles terrasses. On y déguste des plats régionaux ou de cuisine du monde, France, Croatie ou d'autres pays, dans un beau décor avec vue sur la Moselle, des falaises rouges en arrière plan et le pont Kaiser Wilhelm. On y trouve de plus, une ambiance très chaleureuse et très romantique.