30 Août 2021
Les Romains la connaissent en marbre ou en bronze. Le Moyen Age la découvre en bois. Il faut attendre 1650 pour qu'elle commence à faire son apparition, en métal, dans les intérieurs chics des aristocrates.
On connaît le goût des Romains pour les thermes, et le bien être de prendre des bains dans le marbre et la mosaïque. On a découvert, à Pompéi et à Herculanum, les premières baignoires en bronze. Mais il faut attendre le Moyen Âge pour en retrouver : elles sont alors en bois et utilisées dans les étuves. Les baignoires en métal apparaissent vers 1650, la tôle est employée à partir des années 1840. La porcelaine ou la céramique n'arrive qu'au début du XXe siècle, quand l'entreprise Jacob parvient à émailler l'argile, en 1886. Longtemps, on ne se baigne que de façon modérée, uniquement sur prescription médicale, de crainte de tomber malade. Transportés par l'eau, les microbes sont censés entrer dans l'organisme par les pores de la peau qui n'est pas considérée comme un écran. Les étuves ont ainsi été fermées au XVIe siècle, bien plus pour éviter les contagions et par manque d'approvisionnement en eau que par pudibonderie.
Deux cents ans plus tard, le futur Napoléon III, prisonnier, se fait installer au fort de Ham un complexe de bains qui coûte mille francs au gouvernement. Du fond de sa prison, il entend conserver une bonne santé avec des bains d'eau sulfureuse, réputée pour soulager les rhumatismes et guérir les plaies chroniques. L'odeur étant insupportable, d'autant que la baignoire est en bois, il se plonge ensuite dans une baignoire de cuivre recouvert d'un tissu blanc, pour éviter le contact désagréable du métal avec la peau, et remplie d'eau chaude.
En mai 1676, Madame de Sévigné, la célèbre épistolière, est à Vichy pour y prendre la douche. Elle en fait une description épouvantable à sa fille. Toute nue, ou presque, puisqu'elle est en chemise, pendant une demi-heure qui lui paraît l'éternité, elle endure les morsures d'un jet d'eau bouillonnante sortant d'un tuyau. Elle parvient à renouveler son exploit huit jours consécutifs. Il ne s'agit pas, pour elle, de se laver, mais de soigner ses rhumatismes.
À la fin du XIXe siècle, le docteur Merry Delabost, médecin en chef de la prison Bonne-Nouvelle de Rouen, imagine de construite une «douche en pluie» pour décrasser les détenus. Delabost était un spécialiste de la «science pénitentiaire», représentant la France lors des Congrès internationaux pénitentiaires de Rome (1890) et de Saint-Pétersbourg (1895). Dans cette science pénitentiaire, il se concentrait principalement sur les questions sanitaires. Il est vrai qu'une prison rouennaise offrait un lieu d'étude approprié du fait de son univers clos et de son état hygiénique quasi inexistant. Les interventions hygiéniques du docteur Delabost, visaient à faire de Bonne-Nouvelle une prison saine. Une impulsion gouvernementale a été nécessaire pour l'émergence de cette intervention et précisément la création ou plutôt l'innovation de la douche connue depuis l'antiquité.
En France, l'invention de Merry s'était généralisée dans les établissements pénitentiaires et les casernes militaires, mais rien n'était conçu pour la population civile. Delabost disait avec ironie : «mon procédé n'est pas à la portée de tout le monde. Il faut avoir tué ou volé, ou du moins avoir brisé une lanterne de bec de gaz». Cependant, un peu moins de vingt ans plus tard, une société se constituait le 13 avril 1892 à Bordeaux sous le nom d'Oeuvre des bains-douches à bon marché, présidée par le maire de Bordeaux. La devise de cette société était «propreté donne la santé».
L'eau est d'abord curative, qu'on la prenne sous forme de douches ou de bains. Les difficultés pour remplir les baignoires d'eau chaude et les maintenir à bonne température, s'ajoutant aux problèmes d'aération des pièces et d'évacuation des buées, rendent la moindre opération de lavage complexe.
Pourtant, dès le XVIIIe siècle, les médecins hygiénistes préconisent le lavage à l'eau courante, mais celui-ci reste du domaine du rêve. En 1834, Victor Considérant imagine un phalanstère ou la chaleur tirée d'un calorifère géant alimenterait un vaste réseau de tuyauteries, permettant à chaque occupant de prendre son bain quotidien. Mais aucun phalanstère ne vit le jour.
Cette utopie ne devient réalité qu'au XXe siècle dans les métropoles des pays développés, après l'aménagement de canalisations et de systèmes d'adduction d'eau. La salle de bains et la douche s'introduisent alors dans les appartements individuels.
Il y a plus d'un siècle, Francesco, Rachele et Valeriano Jacuzzi quittèrent l'Italie et immigrèrent en Californie pour vivre «le rêve américain». Quelques années plus tard, leurs frères Gelindo, Candido, Giocondo et Giuseppe les rejoignirent pour fonder la société Jacuzzi Bros. Nous sommes en 1915 et c'est une histoire hors du commun, faite d'initiatives, de génie et d'esprit innovateur, qui commence.
Leur première invention fut une hélice de nouvelle génération adoptée par l'aviation des États-Unis, prémisse du premier monoplan à cabine fermée breveté en 1920. À partir de là, une succession d'intuitions leur ouvriront des perspectives nouvelles : de l'invention d'une pompe pour l'irrigation qui fait fureur chez les agriculteurs américains jusqu'à la création du Frostifugo, un super-ventilateur qui souffle de l'air chaud pour faire face aux gelées. Chaque idée en engendrait une autre.
En 1943, Kenneth Jacuzzi, le fils cadet Candido, est atteint d'une grave forme d'arthrite rhumatoïde. Ayant remarqué que les séances mensuelles d'hydrothérapie qu'il effectuait à l'hôpital contribuaient à soulager ses souffrances et les symptômes de sa maladie de manière significative, son père, le plus jeune des 7 frères Jacuzzi, développa en 1956 la première pompe à immersion reproduisant les effets curatifs de l'hydrothérapie, ce qui lui permit de pouvoir continuer les traitements chez lui. C'est la naissance de la pompe J-300, une pompe à jet qui exploite les effets curatifs de l'hydrothérapie. Cet esprit innovateur était également très présent chez Roy Jacuzzi, un membre de la troisième génération, et dans les années 1970 il a développé des baignoires de plus grande taille avec système de chauffage et de filtration intégré pour accueillir plusieurs personnes, créant ainsi le premier spa.
Écoutez Ken Zacuzzi raconter la genèse de la marque 👇
Cette année-là, symbole de libération des corps, du droit du plaisir et d'hédonisme, voit naître un nouvel usage du bain associé au jet d'eau, celui du bains du plaisir tonique, à la croisée de l'ancien usage thermal et de la recherche de la propreté.
La différence entre un spa et un Jacuzzi est mince : tous deux font référence au bain d'eau chaude bouillonnante fourni par un système de pompes hydrauliques où les jets hydro-massant peuvent être contrôlés et paramétrés en fonction des besoins de ses utilisateurs.
C'est une évidence, un jacuzzi est un élément parfait pour se détendre. Enfin, en famille, entre amis ou en équipe, le bain à remous à l'avantage de développer la convivialité.