17 Avril 2021
Les artistes les ont chantés, les grands de ce monde y ont bâti de vastes demeures. Connus pour leur romantisme les lacs du Nord de l'Italie sont à la hauteur de leur réputation.
Garde, Côme, lac Majeur.....Entre Piémont, Lombardie et Vénétie, s'étirant aux pieds des Alpes, les grands lacs de la péninsule italienne n'ont rien perdu de leur magie. Écrivains et musiciens vinrent y abriter leurs amours et leurs rêveries ; l'aristocratie européenne y trouva un lieu de villégiature privilégié, le commun des mortels une nature somptueuse. Bordées de villas et de jardins inouïs, leurs rives affolent encore les sens. Comme leur douceur de vivre, leur calme salutaire et leur climat bénéfique.
Sur les routes de Véronne et de Venise veille le lac de Garde. Le plus grand (370 km²) et le plus beau disent certains. Une leçon d'harmonie.
Protégé au nord par de hautes montagnes, il jouit d'un climat qui fait pousser sur ses rives vignes et oliviers, orangers et citronniers. Cela lui valut du temps des Romains le surnom de «Lac bénéfique», Virgile et Pline l'Ancien chantèrent ses louanges.
Depuis la petite commune de Malcesine, un funiculaire nous emmène à plus de 2 000 mètres d'altitude sur le Monte Baldo. De là-haut, on aperçoit les toits de tuiles, les plages, les vieux clochers, des palmiers narguant les cimes enneigées, des hôtels au charme désuet et des bateaux prompts à nous soustraire pour une balade romantique de village en village : Gardonne Rivierra, Toscolano-Maderno, Desenzano del Garda, Bogliaco, ou Limone qui doit son nom aux odorantes plantations de citronniers qui l'entourent. On distingue même la presqu'île de Sirmione, Où Maria Callas aimait venir se reposer entre deux concerts.
Au XIIIe siècle, saint François d'Assise fonda un monastère sur la plus "grande" des cinq petites îles du lac, l'île de Garde. Le saint, de retour d'Orient, planta parait-il lui-même les premiers citronniers. Les moines occupèrent les lieux jusqu'en 1797, année où Napoléon fonda la République cisalpine. À la fin du XIXe siècle, têtes couronnées, industriels, hommes politiques, écrivains et poètes désespérés vinrent y chercher l'inspiration ou l'amour. (Chateaubriand voyait dans les lacs italiens " l'asile de tous les adultères"), ou simplement l'émerveillement et la quiétude devant les paysages, pour Goethe, Kafka, Lord Byron, James Joyce, Somerset Maugham....En 1921, le poète Gabriele D'annunzio fit l'acquisition à Gardonne Riviera d'un palais et en fit un monument à sa propre gloire, au milieu d'un jardin extraordinaire : le Vitttoriale degli Italiani ; Il l'offrit, à sa mort au peuple italien. ▼
Avant de quitter ce lac, «beau comme un paradis, beau comme la création du monde», écrivait D.H. Lawrence, une dernière étape s'impose au village de Valeggio sul Mincio. Au menu, les meilleurs tortellinis d'Italie, accompagnés de vins locaux. C'est ici que sont produits le bardolino et le valpolicella.
À cheval sur le Piémont, la Lombardie et le Tessin (suisse), le lac Majeur est la première étape lorsque l'on vient de France par la route. Encadré d'ondoyantes collines et de hautes montagnes qui l'abritent des vents du Nord, il s'étire sur plus de 60 km.
Jardins tapissés de magnolias et d'azalées, cyprès taillés au millimètres, hôtels fin de siècle Art nouveau (stile liberty, en Italien) se succèdent, témoignant de l'époque où les riches familles milanaises venaient profiter de sa douceur toute méditerranéenne. De paisibles bourgades jalonnent ses berges, Cannobio, Verbiana ou Stresa, sur la rive occidentale, où nous posons nos valises. Histoire d'admirer encore et encore quelques villas construites entre la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe : La villa Castelli, qui servit de décor à La Chambre de l'évêque, de Dino Risi ; la villa Muggia du célèbre industriel allemand Werner Von Siemens (il dessina lui-même les sentiers qui courent entre des arbres séculaires) ; la villa Vignolo, restaurée par le styliste Gianfranco Ferré qui lui redonna sa splendeur d'antan. Suivre leurs traces nous emmène naturellement sur celles d'artistes venus s'imprégner de paysages propices à l'imagination : Flaubert, Dickens, Hemingway, Arturo Toscanini.....
À Stresa, nous prenons le bateau, direction la ville suisse de Locarno tout au nord, véritable balcon sur le lac. Puis celui pour les îles Borromées. Trois îlots dont le nom rend hommage à une famille lombarde, les Borromeo, qui s'y installa dès le XVe siècle. Isola Madre est un écrin de verdure avec un jardin botanique à l'anglaise, des arbres centenaires et des paons. Isola dei Pescatori, la seule qui soit habitée, a conservé son aspect de village de pêcheurs, ruelles étroites et simplicité des édifices.
Et surtout Isola Bella, l'île-palais, presque entièrement occupée par un château baroque du XVIIe siècle entourée de jardins à l'italienne évoquant un décor de théâtre, et semée ça et là de statues inspirées de la mythologie.
À une cinquantaine de kilomètres de Milan, le lac de Côme, le plus profond l'Italie (410 mètres) enchantait déjà Jules César. Séduit par le reflet des montagnes dans ses eaux, il fonda la ville de Novum Commun. Le Larius Lacus des Romains était déjà une destination privilégiée. Depuis, les grands de ce monde n'ont cessé de fouler ses rives ; la noblesse lombarde au XVIe siècle, quelques célébrités hollywoodiennes aujourd'hui. George Clooney y est la propriétaire de la somptueuse villa Oleandra, palais du XVIIIe siècle niché dans la commune de Laglio.
Quoi d'autre ? Une beauté mystérieuse, une atmosphère étrange et des jardins débordant de camélias et d'orangers. Mais les stars du cinéma ne sont pas les seules à chérir ce lac italien. Des joueurs de football de premier plan mais aussi des personnalités politiques viennent également y séjourner régulièrement. Pour autant, toutes ces célébrités restent discrètes, profitent de ce havre de paix et s'offrent quelque fois (quand même !) un petit tour de jet-ski ou de hors-bord au soleil sur «El Lario», surnom donné par les Italiens au lac de Côme.
L'histoire du lac est jalonnée de passions célèbres. Franz Liszt connut l'amour fou à Bellagio avec l'écrivaine Marie d'Agoult ; George Sand s'y consola après l'épisode vénitien qui marqua la fin de son aventure avec Alfred de Musset. Mais le maitre des lieux est évidemment Stendhal.
Dans La Chartreuse de Parme, Fabrice Del Dongo y passe des journées idylliques. Il nous dit que «rien d'aussi beau ne peut se voir au monde». Ses rives se sont ornées au fil du temps de somptueuses demeures, villa Carlotta à Tremezzo ; Melzo à Bellagio ; d'Este à Cernobbio ; Bablianello à Lenno.....Les musiciens furent inspirés pas sa beauté. Bellini, installé à Moltrasio, composa ses deux plus célèbres opéras, La Somnambula et Norma. Les amateurs du septième art s'attarderont à Cernobbio où Alfred Hitchcock tourna son premier film, le jardin du plaisir. La villa Erba, dans le même village, fut la demeure estivale de Lichino Visconti durant son enfance. Elle servit de décor à Ludwig ou le Crépuscule des dieux, en 1973.
Bellano, est un petit bourg sur la rive orientale du lac de Côme au pied du mont Muggio et à l'embouchure du torrent Pioverna. C'est un village de pêcheurs pittoresque, avec ses rues étirées et ses bâtiment colorés, pas particulièrement élégants, mais d'ici on peut respirer l'odeur réelle du lac et de la nature. ▼
C'est là, devant les Alpes majestueuses que nous aimons déguster, au soleil, des saveurs locales incomparables : du risotto al pesce persico (risotto aux filets de perche) le plat typique du lac ; ou des missoltini, poissons salés et séchés au soleil. Un délice ! Nous aimons ce village, où l'on pleut flâner tranquillement dans le dédale des ruelles du vieux bourg, aux maisons de style baroque dont certaines ont conservé leur physionomie du Moyen-Age ! En remontant jusqu'au torrent, on a un panorama splendide ! De plus, des passerelles suspendues permettent d'accéder à l'Orrido di Bellano, des grottes remplies d'eau bleue et scintillante, formées par la cascade tumultueuse du Piovena depuis plus de 15 millions d'années.
Ce village magique épargné par le tourisme de masse, reste notre endroit idéal pour s'adonner à la Dolce Vita ....Ma que bello Bellano !! C'est le paradis ! On aimerait ne jamais en repartir.....