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De l'arobase au Code-Barres ..

 👈 D'où vient cet étrange signe ? Des scripteurs du Moyen Âge, des imprimeurs de la Renaissance, des commerçants américains du XIXe siècle ? Une chose est sûre, c'est qu'en 1972, la messagerie électronique l'a adopté. 

Est-ce un abominable symbole sorti d'un cerveau dérangé ? Ou un délire informatique engendré par une surchauffe de la carte graphique d'un vieil ordinateur ?  Ce @ intrigue, met martel en tête. Même son nom reste un mystère. Les grands dictionnaires, à l'instar du Petit Robert, d'Universalis, ou du Dictionnaire historique de la langue française d'Alain Rey, restent silencieux. Muets. Pas d'explications, pas d'éclaircissements sur les origines de ce minuscule "a" entouré d'un rond, que les férus de typographie (ou les correcteurs de presse écrite) décriraient comme un "a" rond bas-de-casse dont la patte du coin bas droit est prolongée jusqu'à faire le tour de la lettre. 

Selon les historiens, l'icône de la modernité, grande star des affiches, des tee-shirts et des cartes de visite, remonterait en fait.....au Moyen Âge ! 

Avant l'imprimerie, les moines copistes et les scripteurs utilisent des raccourcis pour gagner du temps et de la place. Les ligatures (fusion des deux lettres consécutives) sont courantes à cette époque. La préposition ad en latin («vers», «à») aurait alors été comprimée en ce signe. Une explication plausible, mais contestable : ces manuscrits utilisant le @ sont rares. 

Les typographes, vieux briscards de la machine à composer,  soutiennent une autre hypothèse, plus terre à terre. L'arobase serait l'invention de leurs confrères et des imprimeurs de la Renaissance. Il s'agirait tout simplement du "a" rond bas-de-casse, autrement dit du "a" minuscule. Mais là encore, les reproductions des premiers livres imprimés en France, ou en Italie, au XVe siècle, sont vierges de ce mystérieux signe.

Les commerçants espagnols du XVIIe ont, aussi, leur mot à dire. C'est de l'arabe arba'a (quatre) ou roub' (quart) que découle l'arroba, l'unité ibérique de mesure de masse (12 kilos environ ), dont la traduction française est «arrobe». L'Enciclopedia universal ilustrada europeo-americana (1909) étaye cette théorie, puisqu'elle indique que l'arroba est symbolisée par @. Une pure invention ? Pas si sûr....Quoi qu'il en soit, les commerçants américains l'utilisent au XIXe siècle pour noter le prix unitaire des marchandises : six chaises à 35 dollars la pièce était annoté «6chairs@$23». Raison pour laquelle ils disent «at». On retrouve tout naturellement le signe servant à indiquer les prix dans les machines à écrire des pays anglo-saxons à partir de 1885. 

En 1972, Ray Tomlinson, un ingénieur de Bolt, Beranek and Newman (BBN), la firme qui sert de support à la première version d'Internet, et inventeur du logiciel de messagerie électronique, décide de le placer entre le nom du destinataire et celui de la boite aux lettres. Lui redonnant ainsi son sens, celui du ad latin.

L'arobase, connue sous les sobriquets de Klammeragfe (singe araignée, en allemand) , de miau (queue de chat, en finnois), ou d'apestaart (queue de singe, en néerlandais), revit après une longue traversée du désert! 

Le Code-Barres quant à lui est un concentré d'infos 

Ce système d'identification des produits, inventé par de jeunes étudiants américains, conquiert l'Europe en 1977 après près de trente ans de recherches et de mises au point. 

C'est en surprenant une conversation entre le président d'une chaîne de magasins - qui cherche une solution pour mieux identifier ses produits - et un des doyens de l'Institut de technologie Drexel à Philadelphie, aux États-Unis, que l'idée du code-barres germe dans l'esprit d'un étudiant américain, Bernard Silver, en 1948.

Aidé de son ami Norman Joseph Woodland, il entreprend la mise au point d'une méthode pour automatiser l'enregistrement des produits du fabricant jusqu'au passage en caisse. Woodland propose de mixer deux technologies existantes : un système de sonorisation des films et le code morse : «J'ai seulement étendu les points et les lignes pour en faire des lignes fines et épaisses», raconte-t-il.

Code oeil de boeuf
Code oeil de boeuf

Il fait ensuite réfléchir une lumière sur un papier comportant des lignes plus ou moins fines pour obtenir une traduction en données permettant d'identifier le produit choisi. Pour permettre un balayage multidirectionnel, Woodland propose de remplacer les lignes verticales par des cercles concentriques, ce qui donne le code «oeil de boeuf»

Le 20 octobre 1949, les deux étudiants déposent un brevet pour leur invention. En 1952, ils construisent leur premier véritable lecteur de codes. Outre ses dimensions (la machine fait la taille d'un bureau), l'ampoule de 500 watts utilisée comme source de lumière a tendance à enflammer le papier sur lequel sont dessinées les lignes ! Malgré ces défauts, ils déposent un nouveau brevet en 1952. 

Parallèlement, dans les années 1960, David J.Collins, employé de la Sylvania Corporation, met au point une étiquette codée avec des bandes orange et bleues pour identifier automatiquement les wagons de marchandises. Quand le wagon entre dans un dépôt, un lecteur projette un rayon lumineux sur l'étiquette et interprète les informations collectées. Collins souhaite développer ce système à plus grande échelle, mais la Sylvania n'en voit pas l'intérêt. 

Il démissionne donc et fonde sa propre société : Computer identics Corporation. 

En 1969, Collins teste avec succès des premiers systèmes à code-barres dans une usine General Motors à Pontiac, dans le Michigan, et dans un centre de distribution de la General Trading Campany à Carlstadt, dans le New Jersey. Son nouveau système utilise des bandes noires et blanches. 

En 1971, la RCA, détentrice du brevet de Woodland et Silver, présente un nouveau système de code-barres en «oeil de boeuf» avec lecteur laser. Des cadres d'IBM, ayant assisté à cette présentation, voient toute la potentialité financière de cette idée et l'un de ses employés, Georges J.Laurer, est chargé de développer un autre code : Il rajoute des chiffres sous les barres verticales pour identifier le type de produit, le fabricant, la date de fabrication, etc...

Trois ans plus tard, c'est ce code qui est adopté au détriment de celui en «oeil de boeuf», illisible en cas de bavure d'encre. Et, en 1974, c'est un paquet de chewing-gums qui devient le premier produit équipé d'un code-barres scanné à une caisse. 

Dès les années 90, l'accélération fut considérable de sorte qu'aujourd'hui, 95 % des commerces occidentaux sont équipés de lecteurs de codes barres.

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