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Le chocolat, un guérisseur universel !

Cet «aliment des dieux», découvert par les conquistadores, fait son apparition en France dans la moitié du XVIIe siècle grâce à l'épouse espagnole de Louis XIV. 

Fruits du cacaotier ( Les cabosses )
Fruits du cacaotier ( Les cabosses )

Originaire de l'actuel Mexique, la fève de cacao est consommée depuis plus de trois mille ans. Pour les Olmèques, les Mayas et les Aztèques, c'est un «aliment des dieux», mais aussi une monnaie d'échange. La fève de cacao coûtait plus cher que l'or : elle était un symbole d'abondance. 

Les légendes racontent que la cacao était un cadeau du Dieu Quetzalcoati aux hommes ; pour les Mayas c'était le dieu Kukulkan qui aurait déposé le cacao dans les mains de l'homme. Pour cette raison, les Mayas et les Mexicains donnaient une grande valeur au cacao. A son arrivée, Hernan Cortès commençât par négocier avec les Aztèques en faisant du troc comme si c'était de l'argent.

On ignore si Christophe Colomb a goûté à cette boisson nourrissante, amère, que les élites aztèques servent dans des tasses d'or, en fin de repas, avec les tubes à fumer le tabac. Ils l'additionnent de piment, de vanille, de fleur de magnolia.....Herman Cortès envoyât dire à Carlos V qu'une tasse de xocolati était suffisante pour que les soldats aient de la force pendant toute une journée de marche. Séduits, les colons espagnols se convertissent très vite à la coutume de boire du chocolate, mais ils le préfèrent chaud et avec du sucre.  

En provenance de Veracruz, les premières fèves arrivent officiellement à Séville en 1585. Cinquante ans plus tard, nul ne saurait de passer de chocolat à la cour d'Espagne. Il devient la boisson nationale, du moins pour les riches. Dès qu'un hôte passe le seuil de la porte, on lui offre une tasse de chocolat qu'il serait for impoli de refuser...Il est mélangé avec du piment, de la poudre de rose, de la cannelle, de la vanille, des amandes, de l'ambre, du musc....Tout comme les Aztèques, les Espagnols le font mousser avant de le boire et lui ajoutent du sucre. Il est réputé être stomachique, cordial, calmant, aphrodisiaque....Il est censé guérir la goutte, le scorbut et même, pour certains, la vérole...

Chez les Habsbourg d'Espagne, le chocolat «à boire» comme on dit alors, est le breuvage par excellence. Lorsque la fille de Philippe III d'Espagne, Marie-Thérèse, part épouser le roi de France Louis XIII, elle ne souhaite pour rien au monde renoncer à la boisson de son enfance ! C'est donc au début du XVIIe siècle, en 1615, grâce à Marie-Thérèse et sa suite espagnole, que le chocolat fait son apparition en France. On dit que le roi réprouvant l'habitude de son épouse de boire du chocolat, Marie-Thérèse est obligée de le faire en catimini. En revanche Richelieu devient très vite un adepte de ce breuvage, son médecin Behrens affirme que «son usage quotidien le remit en bonne santé et prolongea sa vieillesse». 

Ce n'est qu'à la mort du roi, au début de la Régence d'Anne d'Autriche, en 1643, que le chocolat se diffuse réellement à la Cour. Mazarin se fait préparer son chocolat par un cuisinier recruté à Turin, Monsieur More, qui l'accompagne dans la plupart de ses déplacements. 

Quelques années plus tard, inutile de se cacher, toute l'aristocratie en consomme. Ainsi, Madame de Sévigné écrit à sa fille : 

Vous ne vous portez pas bien, le chocolat vous remettra.

Ce n'est ni le tabac, ni l'alcool, la plus grande drogue, mais le chocolat. Avec l'avantage d'être en vente libre. et cela depuis 1659, quand Louis XIV accorde à David Chaillou, premier valet de chambre du comte de Soissons, le privilège exclusif de fabriquer, de vendre et de débiter le chocolat dans tout le royaume de France. L'idéal pour Chaillou qui, ouvre sa première boutique rue de l'Arbre-Sec, à Paris, où il offre le doux breuvage des dieux aztèques aux  bourgeois. Chaillou fabrique son chocolat sur place à partir des fèves qu'il reçoit d'Amérique. Le premier chocolatier de France propose des breuvages chauds et bien mousseux comme il est de règle de consommer le chocolat à l'époque, mais il crée aussi des gâteaux et des biscuits. 

Le chocolat a aussi une réputation aphrodisiaque, boire du chocolat n'est pas aussi anodin que de boire du thé ou du café. Inviter une dame à boire une tasse de chocolat chaud après dîner ne laisse aucun doute quant aux intentions coquines ou galantes...

Les favorites de Louis XV usent et abusent du chocolat. Mme de Pompadour tente de réveiller ses sens par des aphrodisiaques. Le chocolat vanillé et ambré dont elle se gorge toute la journée détraque sa santé sans apporter plus de fougue à ses ébats amoureux...

En Italie, le chocolat se diffuse à peu près à la même époque. En 1698, des recettes du cuisinier Massialot attestent que les Italiens le boivent avec du lait et parfois des oeufs pour qu'il mousse mieux. Le célèbre séducteur Giacomo Casanova en fait grand usage, le considérant comme le remède idéal «au manque d'ardeur». Il assure même que «le chocolat est un amant alimentaire!»

Versailles

En 1770, Marie-Antoinette arrive à Versailles avec son propre chocolatier, qui prendra le titre très officiel de «Chocolatier de la Reine». La jeune femme avait l'habitude de boire du chocolat à Schönbrunn, battu avec de la crème fraîche. L'artisan ainsi promu par la reine invente des nouvelles recettes, plus douces et plus digestes que ce qui se fait jusqu'à présent, en mêlant chocolat et fleurs d'oranger ou amande douce. Mais ce que Marie-Antoinette préfère par dessus tout, c'est la simplicité : son chocolat avec du sucre et de la vanille.

Les Anglais des Antilles y ajoutent du vin de Madère, le marquis de Sade est, sans nul doute, le plus grand «chocolatomane» du XVIIIe siècle. Sa fidèle épouse est chargée de lui faire parvenir, dans les différentes prisons qu'il fréquente, du chocolat bien sûr, mais aussi des pastilles vanillées au chocolat ou des biscuits de Savoie glacés, fourrés au chocolat. 

Il faut attendre 1828 et l'invention par Van Houten de la poudre de cacao pour que le chocolat devienne accessible à presque tous. La première tablette industrielle voit le jour à Bristol, en 1847. On doit le chocolat au lait à Daniel Peter qui a l'idée, en 1875, d'ajouter au beurre de cacao du lait en poudre inventé par Henri Nestlé, quelques années auparavant. 

La production de chocolat devient industrielle et les chocolateries s'implantent en France, en Suisse et aux Pays-Bas. Pour répondre aux besoins de l'industrie, les cacaoyers sont introduits en Afrique où apparaissent les premières plantations.

il faut attendre les années 1920 pour voir apparaître les premières barres chocolatées, une invention du hollandais Kwatta. L'Américain Mars lance le Milky Way et le hollandais Nuts sa barre aux noisettes éponyme.

Aujourd'hui, les véritables amateurs se tournent vers des entreprises artisanales qui reprennent certaines règles établies au XVII et XVIIIe siècles et, surtout, qui «n'oublient» pas de mettre du cacao dans leurs tablettes ! 

La prochaine fois que vous aurez envie de chocolat, choisissez donc une variété noire à fort pourcentage ou une poudre naturelle de cacao,  pour ses bienfaits potentiels sur la santé.

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